Grève au port autonome : deux remorqueurs filtrent l'accès dans la rade de Papeete

Les deux remorqueurs Aito Nui I et II, en place dans le port de Port Autonome de Papeete, face au temple Paofai.
Alors que la grève au port autonome est effective depuis le 3 janvier 2024, zéro heure, deux remorqueurs se sont postés à l'entrée du port et perturbent la circulation des navires dans la rade de Papeete.

Premier jour du mouvement social, il fait encore nuit. Les grévistes ont mobilisé les navires de leur flotille, les remorqueurs Aito Nui I et Aito Nui II, pour manifester leur désaccord. Ils filtrent les passages dans la rade Papeete en face du parc Paofa'i. Un câble tendu entre les deux bateaux bloque le passage mais le Terevau et l'Aremiti peuvent passer par le petit chemin du côté, avec l'autorisation des grévistes. 

Deux remorqueurs filtrent l'accès, dans la rade de Papeete. Liés par un câble qui empêche l'accès, les navires qui entrent ou sortent sont contraints de les contourner par un chemin prévu à cet effet.

Mercredi matin, les passagers et les capitaines des navettes entre Tahiti et l'île sœur n'étaient pas sûrs de pouvoir passer, mais les trajets ont finalement pû se faire sans trop d'encombres, excepté des horaires quelque peu chamboulées. "On a dû attendre et patienter, après on ne savait pas si on pouvait repartir ou pas, on a attendu. Nos équipes sont là. On a informé les passagers. Ils étaient compréhensifs. On a patienté calmement à Papeete avant de repartir", témoigne Manuel Terii, de la société Aremiti. 

Prévenus par le port autonome avant de prendre la mer pour la première rotation de la journée, les capitaines ont suivi les instructions à la lettre. Les passagers également, comme Timona Tefaatau, résident de Moorea. Si le blocage se poursuit, il restera à Tahiti chez ses enfants. "Une employée de Aremiti nous a prévenu que le bateau allait avoir du retard, à la suite des événements à Papeete. Mais bon on s'adapte, on n'a pas le choix. J'ai besoin d'aller à Tahiti, j'y vais" nous confie-t-il sereinement. 

Les mūto'i de Papeete au port pour veiller à la sécurité en cas de conflits, le matin du 3 janvier 2024.

Du côté de Papeete, les premiers passagers en partance pour Moorea ont été surpris de croiser les policiers sur le quai. "On s'est aperçus qu'il y a eu un blocage. Cela se fait le jour de notre excursion à Moorea ! On espère pouvoir partir et surtout revenir !" glisse une passante.

Mardi soir, au sortir des négociations infructueuses avec le patronat, les syndicalistes avaient affirmés qu'il n'y aurait pas de "grosse conséquence pour la population."

Pour l'instant, les navettes continuent de fonctionner presque normalement. En revanche, les cargos et bateaux de croisière auront plus de mal à se frayer un passage... 

Une cellule de crise est engagée sur place depuis 6 heures. Le président du Pays est intervenu, en priant les grévistes de ramener les bateaux à bon port, en illégalité... Le Pays pourrait porter plainte contre cet "cet acte de piraterie", indique Moetai Brotherson qui se dit prêt à recevoir les grévistes à la présidence.

Aucune négociation n'est actuellement prévue avec la direction. 

À 15h40 mercredi, un premier remorqueur est retourné à quai suivi du second, quelques minutes plus tard, pour aller négocier avec le président. 

L'un des deux remorqueurs qui bloquait l'entrée du port, mercredi 3 janvier 2024, de retour à quai à 15h40 le même jour.