Une pilule difficile à avaler pour les professionnels de l’aérien. Aéroport de Tahiti (ADT) leur avait annoncé, fin janvier, en commission consultative économique (Cocoeco), l’intention d’augmenter ses redevances aéroportuaires. Elles sont facturées pour chaque atterrissage, décollage, stationnement ou encore passagers. La société, gérée par le groupe Egis, n’a pas souhaité s’exprimer sur ses nouveaux tarifs, étant en cours de validation. Mais certains pourraient atteindre une hausse de près de 9%. « Les premiers impactés sont bien évidemment les compagnies aériennes et par la suite les Polynésiens puisqu’ils vont répercuter ça sur l’augmentation des billets d’avion », déclare Nicole Sanquer, présidente du parti politique A Here ia Porinetia.
Les compagnies aériennes déjà en souffrance
Cette hausse des tarifs ne ferait qu'alourdir les charges des transporteurs aériens. Air Tahiti Nui est la seule compagnie aérienne à s’exprimer. « Le changement, soit on peut répercuter, soit on ne peut pas. Après, c’est chaque compagnie qui est libre de la définition de ces tarifs. Le souci sur la desserte de la Polynésie c’est qu’il y a une concurrence liée à une surcapacité. Et avec cette surcapacité, ça me paraît compliqué de répercuter. Pour le moment, Air Tahiti Nui n’est pas dans cette logique de faire », répond Michel Monvoisin, PDG de la compagnie au tiare. Il dénonce un manque de concertation entre la société ADT et les transporteurs aériens, car « ce qu’on attend, c’est un peu d’amélioration du confort client et un peu de concertation en amont. Bien souvent la Cocoeco se tient après le Conseil d’administration de l’ADT, qui valide les budgets. Or, si ces budgets ont été validés en amont, ça paraît délicat pour la Cocoeco et pour ceux qui votent d’aller en contradiction ». Mal en point, ATN a bouclé son budget 2023 avec un déficit de 4,8 milliards cfp.
Selon nos confrères de Radio1, lors de la Cocoeco, ADT a également souligné que les redevances n’avaient pas augmenté depuis 2016. En conséquence, il "fallait" intégrer l’inflation de 9 à 10% sur les quatre dernières années.
« Ce qu’on attend des administrateurs du Pays, et notamment du Président du Pays, qui est ministre du Tourisme, c’est qu’ils revoient cette augmentation des tarifs parce que ça a un impact sur les charges de nos compagnies aériennes. Par conséquent, on n’est plus du tout dans la lutte contre la vie chère mais plus dans l’augmentation du coût de la vie », déclare la présidente du parti politique A Here ia Porinetia.
Une autre turbulence pourrait agiter le secteur du transport aérien : le renouvellement de la concession de l'aéroport de Tahiti-Faaa. Plus de 60 ans après sa création, l’aéroport n’aura jamais fait l’objet d’une rénovation intégrale. Les travaux nécessitent plusieurs milliards mais leur lancement est suspendu au renouvellement de la concession de l’aéroport. Une bataille juridique que tous espèrent régler en fin d’année.