Heiva i Tahiti : à la recherche des tiare Tahiti

Des boutons de tiare Tahiti
Le Heiva mêle magie et passion. Mais l'évènement demande aussi beaucoup de travail et de détermination de la part des artistes. Que ce soit pour les chorégraphies, la musique ainsi que les costumes. Et cette année, ils ne sont pas au bout de leur peine : c’est presque la pénurie de tiare Tahiti.

Danser pour le Heiva, c'est un défi à relever chaque année pour les troupes de Tahiti et des îles. Le groupe Ori i Tahiti y participe depuis 2011. Une centaine d’artistes ont fait vibré To’ata, le temps de leur spectacle. La plupart des danseurs et danseuses portent des costumes nécessitant parfois jusqu’à 800 tiare Tahiti. 

"On s’y prend un petit peu à l’avance. Mais c’est vrai qu’à chaque fois la dernière semaine juste avant la date fatidique des costumes : ah mince un tel n’a pas eu assez de opuhi, ou même de auti ! Et après ça dépend aussi des groupes, de ce qu’ils demandent.", précise Tehani, aide costumière. Rehia, danseuse, explique que la valeur du tiare Tahiti augmente pendant le juillet : "donc on paye beaucoup plus cher les tiare Tahiti. Ça demande une petite organisation pour pouvoir confectionner les couronnes à temps."

À défaut de trouver leur bonheur à Tahiti, les artistes font appel aux îles. "Si on a pas ici, on commande à Maupiti, aux Tuamotu. C’est ce qu’on a fait", confie Fryda Tong Sang, maman d’un danseur. Il faut dire qu'à Maupiti, le paquet de 400 fleurs s’achète 1500 Fcfp. L’île fournit également les vendeuses du marché de Papeete.

"Les fournisseurs de Maupiti nous disent qu’il y a moins de fleurs parce qu’il fait froid chez eux. Mais d’après ce qu’on a entendu, il y a le Heiva et ils emmènent pour ceux qui dansent. Et nous on nous emmène moins.", constate Marianotehau Tuhiva, fleuriste. Et parce que le paquet de 100 tiare se revend 800 Fcfp, les mamas du marché préfèrent les garder pour en faire des couronnes, plus rentables à la vente. 

À Tahiti aussi, la fraîcheur de juillet impacte la production. Malgré ses 1500 pieds de tiare, Juliette, agricultrice, a du mal à répondre à la demande. « C’est le temps du Heiva et en plus il y a des mariages, il y a le pureraaa, des formations, des haapiiraa, il faut des fleurs. Et les fleurs c’est important pour nous, c’est l’accueil c’est la tradition de notre fenua."

C'est le parcours du combattant... Mais pas de quoi arrêter la passion des artistes pour que la magie du Heiva opère…