Tahia n’est plus que l’ombre d’elle même. Dix ans qu’elle subit ces agressions sonores causées par la musique boomboom, du matin au soir. « C’est un calvaire, un enfer. On a l’impression que l’appareil est dans le salon. La toiture vibre. Et ça peut commencer à 5 heures du matin pour se finir à 4 heures du matin. Et c’est de lundi à dimanche » décrit-elle, à bout.
Un enfer
Elle tente de dialoguer avec ses voisins à plusieurs reprises, en vain. Alors sur les conseils d’une association, elle a recours aux forces de l’ordre. « C’est grâce justement à Te Ora Hau, c’est eux qui m’ont conseillé, qui m’ont dit comment il fallait faire. J’ai réussi à avoir un rendez-vous avec la gendarmerie pour qu’ils puissent prendre ma plainte. C’est la troisième plainte, depuis 2019. Mais je n’ai toujours pas de nouvelles en fait » explique-t-elle.
Elle vit dans une crainte perpétuelle : « j’ai peur que ça reprenne…même maintenant on évite de rentrer à la maison. Quand on est de repos on est pratiquement jamais chez nous, parce que le matin ça commence très tôt et quand on rentre, on a peur. La musique, c’est comme si c’était dans le salon. »
Continuer de subir
À Titioro, Marc aussi subit ces nuisances. Il ne reconnaît plus la vallée où il a grandi, car le bain Loti et la rivière de la Fautaua, autrefois appréciés pour leur quiétude, sont aujourd’hui prisés pour une raison toute autre. « Il y a plein de gens qui viennent. Des jeunes, quand ils terminent leurs soirées en ville, ils viennent là et ils mettent leur musique, ils se garent là. Ils tournent leurs hauts-parleurs chez nous, et ils mettent leur musique comme ils veulent jusqu’au soir. Du matin jusqu’au soir et même jusqu’à tard le soir » décrit-il, amer.
Et parce qu’il n’a jamais réussi à déposer plainte, Marc a demandé l’intervention de la mairie pour barrer l’accès aux abords de la rivière, avec des rochers, « mais les cailloux ont différentes tailles. Il y a des petits, d’autres personnes qui déplacent. J’aimerais bien qu’on mette des cailloux un peu plus gros, comme ça ils auront du mal à les déplacer » indique-t-il.
Quelles solutions ?
L’association Te Ora Hau lutte contre les nuisances sonores depuis 25 ans déjà. Ce matin, ses représentants avaient rendez-vous avec le Président du Pays. Un entretien fructueux où des solutions ont été proposées, « notamment la possibilité d’interdire l’installation de certains équipements qui sont, de manière évidente, au-delà de toutes les limites normalement autorisées pour l’être humain. Donc d’en interdire l’installation dans les voitures. Il ne s’agit pas d’interdire aux gens qui aiment la bonne musique de faire de bonnes installations dans leur voiture. Il s’agit de ne pas autoriser ceux qui sont au-delà de toutes les limites possibles » précise Moetai Brotherson, président de la Polynésie française.
Te Ora Hau va collaborer avec la Diren et l’assemblée de la Polynésie durant les six à neuf prochains mois, afin de revoir et d’améliorer la législation concernant les nuisances sonores.