C’est un café à la main que le docteur Théron nous reçoit chez lui, à Arue. Son domicile est situé en face de la baie de Matavai. C’est ici qu’il recevait ses patients durant l’épidémie de covid-19 en 2020.
Dans sa condamnation auprès du tribunal administratif, il lui est reproché de n’avoir pas respecté la déontologie médicale. Notamment en prescrivant de l’hydroxychloroquine, de pratiquer une médecine qualifiée de "foraine" ainsi que d’avoir tenu des propos injurieux envers l’actuel ministre de la Santé et le vice-président du conseil de l’ordre.
Absent au tribunal, le docteur Théron se défend de ne pas avoir été averti. "Moi je n’ai pas été signifié de la plainte, je n’ai pas été convoqué non plus. Je sais par la presse et des indiscrétions que je fais l’objet d’une plainte. Je ne pouvais pas ni moi, ni mes avocats, je ne pouvais pas être devant le tribunal administratif puisque je ne savais même pas que je devais y aller", s'étonne le médecin.
Plainte pour "désordre déontologique"
Autre son de cloche du côté du conseil de l'ordre des médecins. Pour son chargé de communication, Jean-Ariel Bronstrein, "il s’agit d’une plainte du gouvernement de la Polynésie française, une plainte a été portée contre lui pour désordre déontologique, le conseil de l’ordre s’est associé à cette plainte. Car nous avons estimé que le docteur Théron a discrédité la population médicale."
A la retraite depuis juin 2020, le docteur Théron assure ne pas changer son quotidien de médecin généraliste. "Je ne suis pas en interdiction d’exercice. J’ai pitié des gens qui ont pris ces décisions et je rassure mes patients sur le fait qu’ils n’ont pas été soignés par un charlatan, ils ont été soignés par un médecin en règle et qui ne faisait que répondre au devoir sacré d’assistance à personne en danger."
2 mois pour faire appel
Mais selon Jean-Ariel Bronstrein, "le conseil de l’ordre n’a jamais interdit la prescription de l’hydroxychloroquine mais a assujetti la prescription à une recommandation auprès des malades, au moment de la prescription on ne savait pas si cela allait être efficace. La chose reprochée au docteur Theron : prescrire sans avertir les patients et il a prescrit l’’hydroxychloroquine alors que celle-ci était interdite par un arrêté fixé par le gouvernement de Polynésie".
Condamné le 24 mars à trois ans d'interdiction temporaire d'exercer, dont deux ans avec sursis, Jean-Paul Théron a deux mois pour faire appel de la décision du tribunal administratif auprès de la Chambre disciplinaire nationale de l'ordre des médecins. Quant au procès pour violences aggravées envers un huissier de justice, il a été renvoyé au 27 mai prochain.
Précisions du Conseil de l'ordre des médecins de Polynésie française :
"A la suite de la diffusion du sujet portant le titre « le Docteur Théron, victime ou coupable ? » dans le journal de Polynésie la 1ère diffusé le 27 mars au soir, le Conseil de l’ordre des médecins de la Polynésie française souhaite apporter les précisions suivantes :
- La sanction prononcée à l’encontre du Dr Théron a été prononcée par la chambre disciplinaire de première instance de la Polynésie française de l’ordre des médecins, juridiction ordinale chargée de sanctionner d'éventuels manquements commis par un médecin aux dispositions du code de déontologie médicale, et non par le Tribunal administratif ainsi qu’indiqué à tort.
- Le Dr Théron indique n’avoir pas reçu la plainte formée par le président de la Polynésie française et la convocation à l’audience de la chambre disciplinaire. Le Pr Bronstein, en sa qualité de chargé de communication auprès du conseil de l’ordre, n’ayant pas été interrogé sur ce point, il est précisé que la plainte formée par le président de la Polynésie française ainsi que l’ensemble des actes de procédure, dont la convocation à l’audience tenue par la chambre disciplinaire, ont été notifiés au Dr Théron par lettres recommandées avec accusé de réception, lettres à chaque fois retournées avec la mention « non réclamé ». En outre, en septembre 2021, un huissier de justice s’est rendu au domicile du Dr Théron pour lui remettre la plainte mais ce dernier a refusé de recevoir cette signification."