Tchak, tchak, tchak... le bruit du hachoir qui découpe en fines tranches le pua'a roti tout juste sorti du four. En ce magnifique dimanche matin, que demander de mieux ! Les clients habituels sont déjà là. Et les Jeux olympiques n’y changent rien.
“On n’est pas concernés du tout par les Jeux, ça ne change pas les habitudes, les gens mangent, ce sont des gros mangeurs (...). Cela n’a pas du tout changé pour nous, d’ailleurs je me demande s’il y a des Jeux quelque part. Il y a des jeux quelque part ?”, demande goguenard Franck, vendeur.
Dès l’aube, une cinquantaine d’habitants de la Presqu’île exposent leurs produits, le long de cette route très empruntée de Taravao.
“Poe meia, poe hi’o, haari, et taioro", sont les bons produits que propose Célestin Tehereio, vendeur ambulant, très heureux qu'un événement mondial sportif se déroule dans les parages. "Les Jeux olympiques, je trouve que c’est bien. C’est bien pour nos jeunes et ça attire du monde ! Ça attire du monde”, constate-t-il.
Non loin de là, Désirée dit Marama tente d'attirer d'autres clients. “Le iihi c’est le 2 500 le paquet, le mulet 1 500 et le marara 1 000 francs 3 paquets”, leur lance-t-elle. Quand on lui demande si les JO influencent ses ventes ou pas du tout, elle répond que "non pas du tout, c’est ma clientèle de tous les dimanches. (...) Je n’en ai pas trop entendu parler et comme ce n’est pas tout le monde qui peut y accéder, alors c’est dommage.”
Sur les stands on retrouve aussi Lesta Parker. La semaine, il est aux baraques du PK 0 et le dimanche il enfile un autre tablier. JO ou pas, il est obligé d'être à Taravao. “Ça fait plus de 15 ans que je suis là. Si je ne viens pas un dimanche, ils me grondent. Ils me disent dimanche dernier tu nous a mis au régime toi (...) Ce sont mes clients de Taravao, de Papeari. Les JO, ce n’est pas pareil”, lâche le vendeur.
A côté, un jeune homme exhibe de belles langoustes encore vivantes. Fraîcheur garantie. Sur une table, des oursins en bocaux, des poissons du lagon. Le fruit d’une nuit de pêche au fusil pour Augustine et son père. Les prix oscillent entre 1 000 et 3 000 francs. “Ça marche bien ce matin, comme il n’y a que des jolis poissons et que c’est le début du mois il y a plus de monde”, déclare Milada Marere, marraine d’Augustine.
À Vairao, les uru de Nicolas, agriculteur, cuisent tranquillement. Il lance le feu en fonction de la récolte. Épluchés et emballés dans des feuilles de bananier, il n’y a plus qu’à déguster. Ce papa raconte que “les gens sont contents que ce soit déjà prêt. C’est eux qui n’ont pas le temps. Alors moi je suis content, parce qu’ils viennent et qu’ils achètent mon uru !” Une rentrée d'argent, ça met un peu de beurre dans les épinards.
Le dimanche matin, rien de tel que de bons ingrédients frais. Quelques échanges avec des producteurs passionnés…pour célébrer la gastronomie locale et la joie de vivre, avec ou sans les Jeux olympiques !
Le reportage de Mereini Gamblin :