La photo de couverture de l'article du New York Times pourrait faire la Une d’un magazine de tourisme consacré au surf, mais le titre qui l'accompagne est explicite. “Olympic Surfing Comes to a “Poisoned Paradise”. “Le surf olympique arrive dans un paradis empoisonné” en faisant allusion aux essais nucléaires et notamment au nuage radioactif qui a contaminé la presqu’île de Tahiti en 1974. Le New York Times est l'un des journaux les plus lus et les plus respectés aux Etats-Unis.
Selon le quotidien, les conséquences de cette contamination sont encore visibles aujourd’hui. Dans cet article très long et très complet (réservé aux abonnés), les journalistes du quotidien font témoigner de nombreuses personnes dont la maire déléguée de Teahupoo, Roniu Poareu. Sa sœur est décédée en mars cette année des suites d’un cancer. Cette dernière faisait partie des malades indemnisés par le CIVEN. Mais selon Roniu Poareu, “aucune reconnaissance officielle ne pourra la guérir” a-t-elle déclaré au New York Times.
“Tout l’or du monde ne suffit pas pour nous dédommager. C’est un paradis, mais notre paradis est empoisonné”
Roniu Poareu, maire de TeahupooNew York Times
Dans cet article, les auteurs de l’article ont interviewé de nombreuses personnalités du Pays dont le président de la Polynésie française Moetai Brotherson, ou encore Oscar Temaru, le président du Tavini Huiraatira. Ils ont recueilli aussi de nombreux témoignages de victimes du nucléaire comment Angelo T-H qui a travaillé à Moruroa pendant les essais nucléaires et qui est atteint aujourd’hui d’une tumeur, ou encore Melody L. qui a appris en 2002 à l’âge de 14 ans, qu’elle avait un lymphome (une forme de cancer). En 2016, un autre lymphome lui a été diagnostiqué sans lien avec le premier, selon les médecins. Aujourd’hui, Melody est officiellement reconnue comme faisant partie des victimes des essais nucléaires.
L'intérêt des médias étrangers
De nombreux médias américains s'intéressent à la tenue des Jeux olympiques à Tahiti. Dans une vidéo publiée sur Youtube, l'ancien journaliste de Vox, Sam Ellis tente d'expliquer pourquoi l'épreuve de surf des JO se tient à Teahupoo. Mais il revient aussi sur la colonisation de la Polynésie et les conséquences des essais nucléaires.
La tenue des Jeux olympiques à Tahiti attire les regards des médias du monde entier, et forcément, ils s'intéressent aux parties les moins reluisantes de l’histoire polynésienne. “Je suis heureuse que nous ayons l’épreuve de surf des Jeux olympiques et je suis fière que le monde puisse connaître Teahupoo”, a déclaré la maire de Teahupoo au New York Times. “Mais parfois, quand je vois la souffrance dans ma famille, je hais la France”.