Un ultime 'ōrero pour accueillir le corps de John Mairai, et quel plus grand symbole que ses élèves pour l'exécuter ? La transmission a opéré... L'éloquence et la langue tahitienne vont perdurer. John a accompli la mission qu'il s'est fixé, toute sa vie, à la manière souvent sévère que ceux qui l'ont bien connu lui attribuent. Ses anciens élèves le savent, comme le tatoueur Patu Mamatui. "Il m'a beaucoup aidé dans l'art oratoire. Je lui suis entièrement reconnaissant pour tout ce qu'il m'a apporté. C'est quelqu'un de très carré, très rigoureux, qui ne pèse pas ses mots !" admet Patu.
À l'inhumation, au premier étage du cimetière de l'Uranie, une centaine de personnes est présente, ses nombreux enfants ainsi que ses proches, amis, collègues... Dans la foule, on a recueilli le témoignage de Moana'ura Teheiura, chorégraphe et metteur en scène indépendant. Il a partagé, avec John Mairai, des projets artistiques et des parcours de vie. Lui aussi le dit : l'orateur aux mille facettes avait un caractère bien trempé. "C'est un capitaine de bateau sur mer calme mais aussi sur mer agitée, on ne va pas se le cacher. Mais derrière, il y a toujours une réconciliation. Ce qui était dur, c'était la conciliation. La réconciliation était facile", dévoile Moana'ura.
Chants, discours et prières se sont succédés avant la mise en terre, l'émotion encore très vive. Tuariki, son jeune apprenti de 14 ans, lui a dit adieu le cœur serré. Portrait craché de John dans sa manière de s'exprimer, son éloquence et sa maîtrise de la langue tahitienne du haut de ses 14 ans feront sans aucun doute perdurer la mémoire de l'icône culturelle, décédée le 22 décembre des suites d'une pneumonie aiguë.