La grève débute aujourd'hui à l'Apair Apurad, et déjà, le dialogue semble rompu entre la direction et les grévistes. Une ultime rencontre s'est tenue hier matin, mais elle a tourné court, après seulement quelques minutes. "Ils ont voulu restreindre le nombre de participants. Contrairement à la première réunion où on était une dizaine, là, ils voulaient qu'on ne soit que deux ou trois. Donc on n'a pas accepté parce qu'on veut négocier dans la transparence. (...) J'ai contacté CSIP et O oe to oe rima qui m'ont proposé de constituer une intersyndicale" explique Patrick Galenon, secrétaire général de la CSTP/FO.
[La direction] s'imagine que la grève ne va pas être suivie.
Patrick Galenon, secrétaire général de la CSTP/FO
Pour les grévistes, cette mobilisation est le dernier recours après des mois de tentatives infructueuses pour se faire entendre. Avearii Lachaux, l'une des figures du mouvement, affirme avoir épuisé toutes les démarches légales avant d'en arriver là. "Nous maintenons nos revendications. Il y a eu plusieurs discussions avec la gouvernance. À l'époque des courriers auxquels nous n'avons pas eu de réponses. Il fallait bien que quelqu'un mette le pied à l'étrier. On a des confrères qui nous suivent mais après c'est toujours pareil, c'est la politique de la peur donc on préfère rester cacher dans ses retranchements" dit-elle.
Une quarantaine de grévistes
Une quarantaine de salariés sont sur le piquet de grève ce mardi matin à Mamao. Les grévistes se sont installées devant l’entrée du Siège de l’association à Mamao. Les employés de Moorea et des autres sites devraient arriver dans la matinée. Pour l’heure, aucune rencontre n'est prévue avec la direction.
Pour Averii Lachaux, il est temps de mettre un terme aux harcèlements et à toutes ces souffrances.
"Ce sont des situations où on prend à partie les équipes au quotidien avec des moyens de pression, en les mettant au placard, en les mutant dans d'autres centres alors que certains n'ont pas ou très peu de moyens de transport. Avoir les salariés à l'usure est un petit peu la politique à laquelle on est habitué jusqu'à maintenant".
Averii Lachaux - déléguée syndicale de la CSTPFO
Plus de 3 000 patients suivis en Polynésie
Reste à voir si le mouvement gagnera en ampleur dans les prochains jours. Pour l'instant, les patients ne semblent pas particulièrement inquiets, juste "un peu surpris". "Si ce sont les personnes qui sont en grève et pas les machines, ça va, on peut toujours dialyser. Je pense qu'ils vont nous emmener à Taaone" positive une patiente. "Si on ne fait pas nos dialyses, c'est un gros souci pour nous mais je comprends les grévistes, les deux côtés" déclare une autre.
L'Apair Apurad prend en charge 280 patients souffrant d’insuffisance rénale, et près de 3 000 autres en soins à domicile dans les îles.