Les plantes et leurs vertus, des discours maintes fois répétés. Mais vendredi à l'assemblée, le débat était plus original : il portait sur l'extraction des molécules présentes dans les produits locaux comme le taro, le uru, ou encore la patate douce. Grâce à une distillation, les molécules sont extraites sous la forme d'un liquide soluble appelé un hydrolat.
Après des essais il y a une dizaine d'années, Philippe Monier, docteur en pharmacie, constate que les résultats sont encourageants. "Chaque fois qu'on fait un hydrolat, une étude, on envoie ça à un gros laboratoire européen. Au début pour la première plante, la personne responsable nous a dit qu'elle recevait des plantes du monde entier, mais ce que vous m'envoyez c'est unique au niveau des principes acitifs. Ils sont beaucoup plus importants, notamment le curcuma, le rea tahiti, beaucoup plus important que les plantes qu'on m'envoie des Etats-Unis, de l'Inde, de Chine...", explique le scientifique.
C'est à partir de ce constat que Philippe s'est lancé dans ses recherches. Avec ses amis et co-auteurs, ils ont décidé de s'appuyer sur les savoirs déjà pratiqués dans la médecine polynésienne. "Dans le ra'au, les mama disaient "ça, ça sert à ça" sans savoir pourquoi. Donc quand elles nous disent que ceci sert à cela, nous on va chercher. Par exemple la plante appelée ici la buveuse d'eau, dont les fleurs servent aux diabétiques. En fin de compte, en faisant un hydrolat de fleurs, on s'aperçoit qu'on a une molécule qui est utilisée effectivement en anti-diabétique. Et les mama savaient", détaille Francine Beaudry, membre de l'équipe.
Les molécules chimiques extraites pourront être utilisées par les laboratoires pour fabriquer des médicaments.
Pour les autorités politiques, ce projet pourrait offrir à la Polynésie une place dans le milieu pharmaceutique international. Pour cela, la mise en place d'un cadre législatif pour la reconnaissance des plantes traditionnelles est la prochaine étape à franchir.
Elle pourrait offrir une nouvelle fenêtre sur l'exploitation de nos matières premières.
Le reportage de Heiarii Tahiata :