L'intérêt croissant de l'indo-Pacifique par les grandes puissances

Un des Rafale de la mission Pégase en Nouvelle-Calédonie parti escorter l'avion présidentiel.
Entre manoeuvres militaires et diplomatiques, les pays occidentaux semblent accroître leur présence dans notre région, particulièrement dans l'indo-Pacifique. Après la Nouvelle-Calédonie, le Président Macron se rendra au Vanuatu tandis que le secrétaire d'Etat américain doit aller cette semaine aux Tonga. Parallèlement, armées chinoise et russe ont elles aussi mené des manoeuvres communes en mer du Japon.

Les grandes manoeuvres dans le Pacifique. En effet, des pays occidentaux ne ménagent pas leurs efforts dans l'indo-Pacifique quand on connaît les tensions qui y règnent entre la Chine et les Etats-Unis.

Ce n'est sans doute pas pour rien qu'après son séjour calédonien, Emmanuel Macron se rendra ensuite jeudi au Vanuatu et vendredi en Papouasie-Nouvelle-Guinée, où il sera le premier président français à se rendre dans des îles non françaises du Pacifique. Il prévoit de faire "des annonces": "en particulier pour nos militaires qui viendront démontrer justement l'importance de ce territoire, sa projection en Indo-Pacifique", précise l'AFP. 

Regardez le reportage de NC la 1ère :

©polynesie

Une projection récemment remarquée lors de la mission Pégase de l'armée française dans le Pacifique. "L'exercice Pégase traduit cette volonté du président Macron d'être plus présent dans la zone indo-Pacifique", indique le chef d'état-major de l'armée de l'air, Stéphane Mille lui aussi de passage sur le Caillou. "Le hasard du calendrier fait coïncider l'escale Pégase 2023 en Nouvelle-Calédonie avec la visite présidentielle", notent nos confrères de Nouvelle-Calédonie la 1ère.  L'occasion de mettre en lumière l'axe indo-Pacifique dans la politique diplomatique et étrangère de la France. "C'est montrer une capacité de se projeter dans des délais très brefs et un dispositif conséquent. Montrer surtout qu'on est capable de rayonner dans la zone", ajoute le chef d'état-major de l'armée de l'air.

Une carte de la mission Pégase 23. Focus sur la projection en Indo-Pacifique.

Récemment, le site Air and Space Forces a dévoilé des images impressionnantes de la manoeuvre commune de six pays alliés baptisée Elephant Walk, la marche des éléphants, sur la base aérienne d'Andersen, à Guam, le 19 juillet. Une armada aérienne internationale déployée dans l'Indo-Pacifique. 

"Les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, l'Australie, le Japon et la France ont tous contribué à la formation de 23 avions, qui comprenait des chasseurs, des bombardiers, des transports et des ravitailleurs aériens"; précise le site.

Un exercice commun réunissant six pays alliés pas si anodin.


Par ailleurs, cette semaine, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken va retourner dans la zone Asie-Pacifique, signe de plus de la volonté des Etats-Unis d'y renforcer leur présence face à l'influence de la Chine, a annoncé le département d'Etat.

Visite d'Antony Blinken aux Tonga

M. Blinken se rendra aux îles Tonga, dans le Pacifique sud, le 26 juillet, pour y inaugurer une nouvelle ambassade des Etats-Unis, selon un communiqué. Il s'agira de la première visite d'un secrétaire d'Etat américain aux Tonga, qui intervient après son déplacement en Papouasie-Nouvelle-Guinée en mai où il avait signé un pacte de sécurité donnant aux forces américaines l'accès aux ports et aéroports de ce pays du Pacifique.

"On ne met pas en place notre ambassade pour contrer la Chine", a assuré à des journalistes un haut responsable du département d'Etat sous couvert d'anonymat. "On veut y renforcer notre présence (...) et explorer les moyens d'approfondir notre coopération" avec les Tonga, a-t-il dit, en soulignant que l'ambassade des Etats-Unis serait loin de faire "la taille de celle de la Chine".

Les Etats-Unis ont placé la zone Asie-Pacifique au centre de leur nouvelle stratégie mondiale face à l'influence grandissante de la Chine, et entendent y promouvoir une zone qui soit "libre et ouverte" selon la terminologie employée par Washington.

Le président américain Joe Biden déploie depuis plusieurs mois une intense activité diplomatique avec les dirigeants de la zone Asie-Pacifique, afin de resserrer les alliances américaines, même s'il avait dû renoncer à un déplacement en Australie et en Papouasie en raison de contraintes de politique intérieure liée à la dette américaine, finalement résolue.

M. Blinken doit ensuite se rendre à Wellington, en Nouvelle-Zélande, le 27 juillet, hôte avec l'Australie du Mondial de football féminin. Il y assistera notamment à un match des Etats-Unis contre les Pays-Bas. Enfin, le secrétaire d'Etat achèvera sa tournée par l'Australie, où il participera les 28 et 29 juillet à Brisbane, à une réunion conjointe des chefs de la diplomatie et de la Défense des deux pays.

Les Etats-Unis et l'Australie, ainsi que le Royaume-Uni, ont conclu une alliance stratégique baptisée AUKUS qui va permettre à Canberra d'avoir accès à des sous-marins à propulsion nucléaire, au grand dam de Pékin. Il s'agira du 12e voyage de M. Blinken dans la zone Asie-Pacifique depuis sa prise de fonctions il y a deux ans, selon le responsable américain.

Manoeuvres sino-russes


De leur côté, la Chine et la Russie ont organisé des manoeuvres militaires conjointes en mer du Japon, a annoncé dimanche 16 juillet le ministère chinois de la Défense, dans un contexte de tensions avec les pays occidentaux. Elles ont commencé le 20 juillet et se sont terminées ce dimanche. 

Les deux pays voisins, qui partagent une volonté commune de contrer ce qu'ils présentent comme l'hégémonie américaine, se sont notoirement rapprochés dans le domaine militaire depuis l'intervention russe en Ukraine, que Pékin refuse de condamner. 

Pour renforcer leur coordination, la Chine et la Russie ont ainsi organisé ces derniers mois plusieurs exercices entre leurs armées. Le dernier s'est donc tenu en mer du Japon en impliquant notamment cinq bâtiments de guerre chinois, dont le destroyer lanceur de missiles guidés Qiqihar.

Le calendrier des opérations n'a pas été dévoilé mais le ministère a indiqué que les navires avaient quitté le port de Qingdao (est) pour rejoindre les forces russes dans une "zone prédéfinie". Ces exercices auxquels ont participé également l'armée de l'air ont pour objectif de "maintenir la sécurité de routes maritimes stratégiques", précise le ministère.

Le mois dernier, la Chine et la Russie avaient effectué une patrouille militaire aérienne conjointe au-dessus des mers du Japon et de Chine orientale, poussant la Corée du Sud à déployer des avions de chasse par précaution.Il s'agissait de la sixième patrouille du genre menée par Pékin et Moscou dans la zone depuis 2019.

Début juillet, le ministre chinois de la Défense, Li Shangfu, avait prôné le renforcement de la coopération militaire navale avec la Russie lors d'un entretien à Pékin avec un haut gradé russe. La Chine et la Russie peuvent "apporter des contributions positives au maintien de la paix et à la stabilité dans le monde et la région", avait estimé Li Shangfu, placé depuis 2018 sous sanctions américaines.

Un bateau-fusée russe participe à des exercices militaires avec la Chine, en mer du Japon, le 5 septembre 2022.