La Nouvelle-Calédonie, méconnaissable après trois jours d’une extrême violence, alors que l’assemblée nationale examine le projet d’élargissement du corps électoral. Wenepenejie travaille sur Tahiti depuis trois ans. Comme tous les expatriés, elle suit de près ce qui se passe au pays. La jeune femme est triste de ce qui arrive, le résultat selon elle d’un dialogue de sourd au niveau des politiques. Elle déclare amèrement : "J'ai le sentiment qu'ils ne nous écoutent pas, ils n'écoutent pas ceux qui sont au Pays qui font les manifestations. Mais moi je crois toujours à la justice et à la paix. Je crois toujours pour mon pays."
Une autre femme, Polynésienne cette fois, mais qui a vécu sur le Caillou des années. Elle se considère Calédonienne de cœur, car elle y a fondé son foyer et ses enfants ont suivi son exemple. Ces évènements lui rappellent de fort mauvais souvenirs. Elle affirme : "Je me suis retrouvée en 84. Il y a 40 ans, mais on dirait que c'est le même scénario aujourd’hui. Ça fait quand même peur."
Côté politique, les messages de solidarité à la Calédonie se multiplient. Avec, selon certains, une responsabilité avérée de l’Etat dans cette situation de crise. Nicole Sanquer, élue à l'assemblée de Polynésie française, est sans équivoque : "C'est un peu l'échec des discussions qu'il y a entre la Calédonie et l'Etat. Et depuis on a remarqué ces tensions justement, dans toutes les discussions qu'il y a avec l'Etat. Et aujourd’hui on voit le résultat."
Tematai Le Gayic, député de la première circonscription de Polynésie française, ajoute même que : "De manière unilatérale, on va imposer, en marche forcée, des textes aussi importants que le corps électoral aujourd'hui. C'est un sujet qu'il faut prendre avec l'ensemble des parties prenantes, ce n'est pas à l'Assemblée nationale de décider et d'amender. L'assemblée nationale doit être greffier d'une décision d'un accord global qui sera décidé en Nouvelle-Calédonie."
Le texte sur le dégel des listes électorales a été adopté à l’assemblée nationale, il y a quelques heures, avec 351 voix pour et 153 contre. Le processus de révision constitutionnel est suspendu. Le temps pour le gouvernement et tous les acteurs Calédoniens de poursuivre les discussions pour trouver un accord global. Sonia Backès, la présidente de la province sud de Nouvelle-Calédonie, demande l’état d’urgence.