En rupture d’agrégats depuis 6 mois et jusqu’en juillet 2024, le plus gros fournisseur de béton de Polynésie n’est lui-même plus en mesure d’honorer ses futures commandes : "Je n'ai que ça comme sable en stock, montre Rahiti Peni, co-directeur d'une entreprise de fabrication de béton. Je ne peux pas produire de béton pour les toupies et les agrégats."
En cause : une demande qui a doublé. L’entreprise, qui produisait habituellement 1 000 mètres cube de béton par mois, doit en fournir 2 000 aujourd’hui. Idem pour la production de parpaings et de produits préfabriqués. Autre problème : les entreprises d’extraction de tout venant sont confrontées à des cautions bancaires démesurées. "C'est compliqué pour les petites entreprises, qui ont déjà investi dans les dragues, dans les camions pour extraire...mais elles n'ont pas la trésorerie pour arriver au moment de l'extraction. La caution est de 1 000 francs pacifique par mètre cube, donc 9 000 mètres cube, c'est 9 millions de francs pacifique à payer, avant même d'avoir commencé à extraire un mètre cube," chiffre Rahiti Peni qui invite à revoir les lois de Pays et à diminuer le montant de la caution bancaire.
Pour le président du syndicat des extracteurs, Rexford Brotherson, tout devient compliqué. Le curage de certaines rivières pourtant nécessaire pour éviter les inondations, voit l’opposition systématique des associations et les autorisations pour l’obtention de carrières sont de plus en plus difficiles : "Pour une carrière, il faut compter entre 15 et 20 millions de francs pacifique simplement pour les études et on n'est même pas sûrs d'avoir les autorisations en bout de course. Parfois les mairies bloquent, il y a des levées de boucliers des associations...il nous faut trouver une solution [...] le système va s'arrêter à un moment donné. Ca ne sert à rien de lancer des appels d'offres, si derrière on ne peut pas fournir les matériaux."
Plusieurs chantiers sont d’ores et déjà bloqués par des démarches administratives jugées obsolètes. Si rien n’est fait, les prix des matières premières pourraient bien s’envoler prochainement.