Dans une liste de course : 1 boîte de lait maternel en poudre, 1 beurre frais, 1 beurre en boîte, et 1 pack de 4 yaourts locaux nature. Montant total : 2 059 francs pacifique.
Après adoption par le conseil des ministres de la nouvelle liste des PPN, il faudra rajouter 189 francs à la somme totale. Une augmentation due à la marge des commerçants qui sera revue à la hausse sur ces articles. "Le coup de la vie a beaucoup augmenté, le Nescafé, le tout petit avant il était à 100 et quelques francs, il est déjà à 270", déplore une cliente.
Marges trop faibles
Le ministre de l’Économie et des Finances l’assume. Cette nouvelle mouture, prête depuis la fin du 1er semestre, est le résultat d’une longue concertation avec les professionnels du secteur, explique Warren Dexter : "Depuis que je suis arrivé, j'essaie d'établir le maximum de concertation avec les professionnels, sans faire les choses dans leur dos. Dans les discussions, chiffres à l'appui, ils ont pu démontrer qu'avec les marges existantes, ils ne peuvent pas vivre avec ça, c'est beaucoup trop faible".
La marge des commerçants sera augmentée pour la 1ère fois depuis 1990, selon la Fédération générale des commerçants. Sur certains articles, elle sera calculée sur la base d’un prix fixe, et non plus en pourcentage. De quoi faire grincer des dents les professionnels. "On retient des marges en pourcentage, et là on a proposé des marges en valeur absolue, parce qu'on a considéré qu'il n'est pas normal qu'en période d'inflation, quand les prix des marchandises augmentent, du coup les marges augmentent aussi. C'est une mesure qu'ils n'acceptent pas, et quelque part je peux le comprendre", poursuit Warren Dexter.
Commerçants confortés
Pour les commerçants, cette augmentation est à l’inverse plutôt une bonne nouvelle. Car les PPN ne leur rapportent rien ou presque. Dans un magasin de proximité de Faa’a, ils représentent 20% des produits alimentaires vendus par Timia Cuthers, la gérante : un vrai manque à gagner. "C'est une nouvelle que j'accueille bien, une augmentation de marges, c'est toujours bien pour un commerçant, surtout par rapport à la gamme de produits de première nécessité. On ne gagne pas autant qu'un produit normal", déclare la commerçante.
La marge des commerçants sur les produits PPN représente 7% en moyenne sur le prix final, quand il en faudrait 20 pour supporter les charges.
La Fédération générale du commerce reste sceptique face à cette nouvelle mouture. Elle considère toujours que la règlementation sur les produits de 1ère nécessité est une mesure inflationniste…qui avantage les grandes surfaces au détriment des commerces alimentaires de proximité.
Oignons, pommes, vinaigre
Rappelons que la Fédération générale du commerce a fait appel de la décision du tribunal administratif. Elle avait demandé d'annuler l’arrêté du 23 mars 2023 définissant les PPN, produits de première nécessité, et les PGC, produits de grande consommation. La juridiction avait donné raison au Pays. La cour d’appel n’a toujours pas examiné sa demande.
Par ailleurs, les nouveaux produits qui composeront la liste des PPN sont l’oignon jaune, les pommes de terre, les pommes fraîches, et les oranges fraîches des variétés Navel ou Valencia, vendues en filet. Et enfin, il y a aussi le vinaigre blanc non aromatisé.
Le reportage d'Aiata Tarahu :