Le combat des bénévoles de la Fédération des sauveteurs en mer

Deux bénévoles de la Fédération d'Entraide Polynésienne de Sauvetage en Mer (FEPSM).
La Fédération d'Entraide Polynésienne de Sauvetage en Mer (FEPSM) se structure tant bien que mal. À Tahiti, l'antenne de Faa'a a inaugurée hier matin un petit local, alors que les bénévoles de Raiatea ont jeté l'époge, il y a quelques jours, par manque de moyens. Le financement de cette fédération repose sur la générosité des donateurs. Mais l'Etat et le Pays sont bien sûr très sollicités.

Des voiliers en perdition et des pêcheurs introuvables. Petit à petit, les bénévoles de la FEPSM ont intégré les missions d’assistance et de sauvetage en mer, coordonnées par l’Etat. Dominique Berthier, propriétaire de voilier, sait combien leur aide est précieuse. Il y a 6 mois son safran a lâché en pleine mer.

« À 25 kilomètres à peu près de Moorea, tout d’un coup dans la nuit, la barre s'est mise à bouger de droite à gauche. Je n'avais plus de barre du tout. Le capitaine du Mehalani a piloté pendant 15 heures non stop, le temps de venir nous chercher et de nous ramener. »

Deux containers pour stocker le matériel, assurer le briefing et les formations, il n’en fallait pas plus pour satisfaire les bénévoles de la station de Faa’a qui ont financé seuls ce container aménagé. Coût total, un million cinq cent milles francs pacifiques entièrement récoltés grâce à des ventes de plats, des dons et des concours de pêche. Le directeur du JRCC (le centre de sauvetage aéromaritime) Alex Genicot le reconnaît, la FEPSM est indispensable. Pour lui, la fédération « est fortement ancrée dans la physionomie générale de l'action de l'Etat en mer et du sauvetage en mer. C'est un composant essentiel qui réalise quasiment 10% des interventions. »

 La vedette elle, a pu être restaurée grâce à une subvention de l’Etat, mais ses moteurs ont tout de même quinze ans. Et le bateau des sauveteurs qui tombe en panne, c’est un peu gênant. Mais le vice-président de la Polynésie française Jean-Christophe Bouissou se veut rassurant et précise que « ce bateau a fait l'objet d'un don de la part du Pays, de la direction des ressources marines. Bon les moteurs sont un peu vieux. Je vais les soutenir pour faire remplacer ces deux moteurs. »

Année après année, une dizaine de stations ont vu le jour dans les archipels. Mais à force de manquer de moyens, les volontaires de Raiatea ont choisi de jeter l’éponge.  Hans Mahai est pêcheur. Il est intervenu 4 fois bénévolement et affirme avoir été dédommagé une seule fois. « J'ai été dédommagé de gasoil seulement. Et après une fois, deux fois... si je pète mon matériel en remorquant le bateau et derrière j'ai pas la garantie de leur assurance comme quoi, je serais remboursé pour mon matériel de pêche. Et bien je préfère pas continuer. » 

Seule la station de Hiva Oa aux Marquises a fini par obtenir la confiance du Pays, de l’État et des communes. Une pilotine de 120 millions de francs sera livrée en 2023. Il faut dire que le JRCC a particulièrement besoin de ce relais aux Marquises. Pour le responsable de la station de sauvetage en mer de Hiva Oa, Marc Tarrats, il faut garder espoir.  « Il faut savoir être patient en la matière. Et  bien comprendre que à partir du moment où l'Etat et le Pays ont investi dans un moyen ici sur les Marquises, je pense qu'ils vont attendre de voir si ce moyen est correctement exploité, pour pouvoir investir à nouveau. Ça semble être un peu du bon sens de gestion administrative. »

L’Etat vient également de s’engager à verser 6 millions par an à la FEPSM.  C’est peu mais c’est trois fois plus qu’avant.  Les bénévoles eux, aimeraient intégrer la très structurée SNSM pour bénéficier de l’expertise reconnue des sauveteurs en mer de l’hexagone.