Trois jours de discussions pour trois ans de recherches et 30 ans d’essais toxiques. Le colloque sur le nucléaire (Histoire et mémoires du CEP) a pris fin hier à l'université. 15 chercheurs ont fait le déplacement depuis la métropole pour partager le travail qu'ils ont réalisé sur les derniers documents déclassifiés concernant le fait nucléaire en Polynésie, d'ailleurs "ouverts trop tardivement" déplore le président du Pays. Edouard Fritch souhaite que cette partie de l'histoire soit intégrée dans le programme d'éducation, même si ces recherches sont contestées.
Il faut qu'on en parle. (...) La préoccupation aujourd'hui, c'est ce que nous allons laisser à nos enfants. Il faut choisir les événements importants à relater. Que nos enfants, qui n'auront pas connu la bombe et n'auront vécu que sur des on-dit, puissent avoir une idée réelle de ce qui s'est produit en Polynésie française.
Edouard Fritch, président de la Polynésie française
Bilan du colloque
Le colloque est l'aboutissement d'un travail de recherches commandé par la Polynésie française au professeur Renaud Meltz, menant à l'écriture de l’ouvrage collectif « Des bombes en Polynésie », paru aux éditions Vendémiaire le 7 avril 2022.
Dès le début du séminaire le 11 mai, après les discours d’ouverture et les premières interventions des historiens, les esprits se sont échauffés sur des propos tenus par Alexis Vrignon, l'un des co-auteurs du livre. Pour le chercheur, l'arrestation de Pouvanaa a Oopa n’avait aucun lien avec le CEP. Dans le public, une femme a vivement réagi à ses propos :
"C'est à vomir que vous soyez là, en train de réécrire notre Histoire à la sauce de l'Etat. Vous reparlez de notre metua... C'est terrible, je suis choquée."
Jusqu’à maintenant, l’arrestation du metua avait été liée à l’installation du Centre d’expérimentation du Pacifique. Une thèse notamment développée par Jean-Marc Regnault dans son livre « Pouvana’a et De Gaulle, la candeur et la grandeur ».