Le Petit prince, le Prophète : de plus en plus de livres traduits en reo maohi

Les étudiants qui ont traduit le Prophète du poète libanais Gibran.
La lecture lien entre les communautés, avec la traduction de plusieurs ouvrages en langues polynésiennes. Exemple: le Prophète du poète libanais Khalil Gibran traduit en tahitien par les étudiants de l'université, ou encore le Petit prince, de Saint-Exupéry, aujourd'hui publié en langue paumotu aux éditions Haere Po.

Le Petit prince a grandi. Né en 1943 il survole les langues polynésiennes. Il est déjà traduit en tahitien et en marquisien, il se lit aujourd’hui en paumotu. "Comment peut-on décrire cette rencontre étonnante entre un monsieur qui est obligé d'éteindre et d'allumer un réverbère ? Et bien c'est toute l'astuce de quelqu'un qui n'est pas seulement un traducteur mais qui est un auteur. Et moi je rends hommage à ceux qui se lancent dans la traduction du Petit prince"", explique Robert Koenig, des éditions Haere Po.

Le Petit prince traduit en paumotu.

John Tchong aidé de ses dictionnaires réalise ainsi un travail de longue haleine, et une recherche sémantique stimulante. "Il faut enrichir parce qu'il y a des mots qui n'existent pas chez nous et je pense que c'est le rôle de tous de l'embellir et de l'enrichir par de nouveaux apports, même si ce sont des emprunts, il n'y a pas de souci. On vit à l'ère numérique et il faut aussi qu'on fasse du rajout", constate John Tchong, auteur-traducteur.

Avec la traduction du Prophète de Khalil Gibran, la langue tahitienne voyage elle jusqu’au Liban. Une aventure linguistique pour une vingtaine d’étudiants de l’université qui ont planché durant 7 mois pour retranscrire le message de sagesse du poète. Un ouvrage validé par l’académie tahitienne. "Ce qui m'a beaucoup plu dans cet ouvrage, c'est le vocabulaire et les mots qu'on ne connaissait pas et ça été très difficile pour nous de trouver la signification de plusieurs mots d'ailleurs. On a voulu mettre toutes la valeurs qu'il nous a transmises à travers ce livre", reconnaît Akitea Teikitumenava, étudiante en 2ème année de langue polynésiennes.

Traduire, c'est partager

Le poète chrétien, lu dans des communautés très différentes, continue son périple jusqu’en Polynésie. "Les étudiants étaient d'une extrême bonté, d'une extrême générosité, ils ont travaillé ensemble, ils ont fait des illustrations reflétant Gibran. Le plus beau c'est ce partage qu'il y a eu entre les étudiants . Et aujourd'hui on a une oeuvre, 141ème langue en Polynésie française avec la traduction en reo tahiti", s'extasie Joseph Maroun, consul honoraire du Liban à Tahiti.

Véritable invitation à l’élévation de soi, le Prophète et ses 26 leçons de vie, a conquis, au fil des traductions, des millions de lecteurs à travers le monde…

Le reportage de Caroline Farhi :

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