L'histoire du 23 juillet dernier est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Ce jour-là, un palangrier chinois s'échoue sur le récif de l'atoll Anuanurunga aux Tuamotu. Le coût de la dépollution de ce navire est estimé à cent millions de francs. Un poids lourd que le Pays ne veut plus assumer, surtout en ces temps de crise.
Jamais de remboursement
Normalement, cette charge de déséchouement revient aux compagnies de pêche, qui sont censées la rembourser au Pays. Mais, bien souvent, ce remboursement ne voit jamais le jour. L'une des causes : l’éloignement du territoire. Le Pays rencontre des difficultés à entrer en contact avec les armateurs.
C'est dans ce contexte que le palangrier chinois de la compagnie Ping Tai Rong s'est échoué le 23 juillet aux Tuamotu. Pour assurer le paiement des frais de depollution et de déséchouage de ce bateau, le Pays a été autorisé à saisir un autre bateau de l'armateur chinois. La décision a été rendue par ordonnance du Tribunal du commerce le 19 octobre dernier.
Ainsi, jeudi dernier, un autre thonier de la même compagnie, mouillant au port de pêche de Papeete, a été saisi par le Pays. L'entreprise chinoise, propriétaire du bateau, conteste cette action devant le tribunal de première instance. L'audience a eu lieu en urgence lundi 25 octobre 2021.
« Il a déjà dépollué » ?
« L’armateur est sur place. Il a déjà dépollué (...) il ne faut pas mélanger les dossiers », défend l’avocate de la compagnie maritime chinoise, Maître Anne-Laurence Michel. Cette dépollution est prévue jusqu’au 28 octobre.
Pour l’avocat du Pays, maître Yves Piriou, la saisie de ce thonier est autorisée par la loi pour garantir le paiement d’une créance maritime. Il justifie la position du Pays pour ne pas répéter les scénarios précédents de navires échoués abandonnés.
La décision du référé concernant la saisie du thonier chinois sera rendue mardi 26 octobre à 8h.
Le Pays dit stop
Le gouvernement se dit aujourd’hui prêt à légiférer localement sur l'interdiction des bateaux étrangers qui n'ont rien à faire en Polynésie, sinon que de transiter dans la zone économique exclusive. Il veut aussi mettre en place un suivi des mouvements des navires.
« Nous allons monter en régime. On ne va pas passer notre temps à payer 350 millions de francs pour démonter des bateaux » annonce Jean-Christophe Bouissou, Ministre du logement en charge des transports insulaires. Ces bateaux seront étroitement surveillés par satellite.
C’est la première fois qu’une telle bataille juridique est engagée par la Polynésie.