Raillée par les indépendantistes comme étant une alliance de circonstance et même "d'opportunisme" selon le député déchu Tematai Legayic, l’union des autonomistes Amui Tatou a finalement fonctionné. Les partis qui composent la coalition ont réussi leur pari : celui de récupérer des sièges de députés. Ils sont passés de zéro en 2022, à deux cette année.
Le retour des autonomistes
Si les autonomistes peuvent se réjouir de la victoire au premier tour de Moerani Frébault dans la première circonscription et de celle de Nicole Sanquer dans la deuxième, ils ne sont pas parvenus à faire élire un deuxième enfant des Marquises au palais Bourbon. Pascale Haiti-Flosse du parti Amuitahiraa o te nunaa maohi et candidate du Amui Tatou perd face à Mereana Reid Arbelot. Sa défaite s’est jouée aux îles Sous-le-Vent : sur sept communes, seules Bora-Bora et Maupiti ont choisi la candidate autonomiste. Une vague bleue déferle sur les Raromatai...
Mme Flosse a-t-elle été victime d’un vote affectif au profit de la candidate Tavini, originaire des îles Sous-le-Vent ? Ou s’agissait-il d’un mauvais casting des autonomistes dans cette troisième circonscription ?
On se souvient du départ fracassant du Tapura Huiraatira de Lana Tetuanui, élue des Raromatai, après que sa fille Naumi Mihuraa n’a pas été retenue dans cette circonscription. Arrivée en troisième position au premier tour, cette dernière n’a d’ailleurs pas appelé à voter pour la candidate autonomiste au second tour. Durant la campagne de l'entre-deux-tours, on a tout de même vu une photo de réconciliation circuler sur les réseaux sociaux : Lana Tetuanui, bras dessus, bras dessous avec Edouard Fritch.
Un message au gouvernement Tavini ?
Du côté du Tavini Huiraatira, des leçons sont aussi à tirer. Comment le parti est-il passé en deux ans de trois députés à un seul ? Tematai Le Gayic, députant sortant de la première circonscription, battu par Moerani Frébault, dès le premier tour, fait le rapprochement entre sa défaite et la gouvernance depuis un an du Tavini.
À travers ce scrutin, les électeurs ont-ils voulu sanctionner le gouvernement de Moetai Brotherson ? Quels rôles ont pu jouer les déplacements d’élus Tavini en Azerbaidjian ou encore les déclarations du leader Oscar Temaru, sur l’accession à l’indépendance sans passer par un référendum ?
Des positionnements qui plaisent à l’électorat indépendantiste mais qui sont trop clivants pour séduire des autonomistes qui ont voulu, en 2022, sanctionner le gouvernement Fritch. "On n'a pas oublié le mariage de Tearii Alpha, mais finalement je ne suis pas en accord avec la façon de travailler des indépendantiste" témoigne Henriette, dans un des bureaux de vote de Taravao, lors du second tour.
Samedi 06 juillet, les électeurs étaient plus nombreux à se mobiliser : 48,49% de participation contre 43% au premier tour. Mais ce taux reste inférieur à celui des législatives de 2022, qui était de 53,52% au deuxième tour.