- LES ALLIANCES NATIONALES
Le débat sur ces alliances nationales a rapidement dérivé vers les extrêmes.
"Je comprends qu'il faille faire barrage aux extrémistes au niveau national mais moi aussi j'appelle les Polynésiens à faire barrage aux extrémistes locaux, ceux qui déclarent que le référendum n'est plus un préalable nécessaire".
Moerani Frébault - candidat Amui Tatou
Moerani Frébault a par ailleurs pris exemple sur le Tavini et le déplacement de certains représentants du parti en Azerbaïdjan. Une attaque balayée d'un revers de main par son adversaire indépendantiste qui défend lui, non pas un combat extrémiste, mais un combat dans les institutions. "L’indépendance se fera avec les Polynésiens et par un référendum" a-t-il martelé avant de dénoncer les rapprochements de Gaston Flosse avec l'Arabie saoudite, et Edouard Fritch avec la ville russe de Saint-Pétersbourg. "Il faut regarder la poutre dans son œil avant de regarder la paille dans l'œil de l’autre" a-t-il lancé.
Les deux hommes se sont renvoyé la balle tour à tour autour de la définition de l'indépendance. Le candidat Amui Taotu dénonce une duplicité : pas un mot de l'indépendance dans la profession de foi du Tavini mais des propositions qui vont dans le sens de demander toujours plus de fonds à l'État. Le député sortant Tematai Le Gayic a rappelé Moerani Frébault le sens de ce mot. "Je crois que Moerani Frébault ne sait pas ce que c’est indépendance : souveraineté économique, protection emploi et foncière, c’est inscrit dans le programme…"
"Il y a des leviers sur lequel l’État peut agir, je peux travailler avec le gouvernement Tavini si je suis à l’Assemblée nationale"
James Heaux - candidat RN
Clivage autonomiste-indépendantiste... James Heaux propose, lui, une troisième voie hors de ce clivage avec au centre la problématique de la vie chère.
- LA CITOYENNETE POLYNESIENNE
La citoyenneté polynésienne, un sujet au cœur de ce troisième débat du premier tour des Législatives. Pour le député sortant du Tavini, Tematai Le Gayic, elle est essentielle pour protéger l'emploi local et le foncier, et répondre ainsi aux demandes des Polynésiens. "Il faut protéger mais il faut aussi faire attention à ne pas copier le système de Nouvelle-Calédonie."
"Depuis la mise en place de l'emploi local, pour 60% des embauches, les entreprises ont demandé une dérogation spéciale afin d'embaucher des personnes qui n’ont pas le critère d'éligibilité à l’emploi local. Une extension doit donc être faite dans le public et dans le privé pour le libéral et les patentés."
Tematai Le Gayic - candidat Tavini
Quant à la question de qui pourrait être éligible à cette citoyenneté : "si tout le monde peut l’avoir, ça ne sert à rien"; assure le politique pour qui l'objectif est de créer le débat.
"Je ne suis pas favorable", a répondu le candidat RN. Ses arguments ? Le mot Maohi ne fait pas l'unanimité auprès des Polynésiens, ce mot Maohi renvoie de manière ethnolinguistique selon lui "à la boue, à la salissure. Je ne veux pas que ma citoyenneté soit associée à cette souillure", a-t-il assuré. Enfin, James Heaux estime que ce n’est pas la priorité aujourd'hui. Un point sur lequel il est rejoint par Moerani Frébault. "La majorité des Polynésiens n'ont pas de problème identitaire, a-t-il déclaré, Ce qui me dérange dans cette notion de citoyenneté est cet aspect d'exclusion de certaines personnes. Qui remplit les critères pour être citoyen Maohi ? C'est dangereux quand on divise."
Le candidat RN s'est fait reprendre par Jacky Brillant sur le mot Maohi : "il est pratiquement admis, le travail a été fait par nos anciens, cela doit être discuté avec les Marquisiens, c'est un terrain où un consensus doit être trouvé" a-t-il lancé, agacé, avant de revenir sur la définition de Polynésien(ne) : "c’est une décision de savant français au siècle dernier qui définit le Polynésien comme un blanc et le Mélanésien comme un noir, donc c'est une définition raciale. Il faut revenir à des fondamentaux". Malgré quelques échanges houleux, un point semble faire rejoindre tous les candidats : la protection de l'emploi et du foncier, avec cette idée, d'aller encore plus loin dans cette démarche au niveau national.
- LE CHANGEMENT CLIMATIQUE
La Polynésie est au cœur du changement climatique, les atolls fragiles des Tuamotu Gambier sont en première ligne. Comment les candidats comptent se battre au niveau national pour cette préoccupation ? Une idée revient et qui est plus ou moins commune à chaque candidat : aller chercher plus de fonds. "Il faut que l'enveloppe de fonds sur la transition énergétique soit augmentée, aujourd'hui elle est de 7 milliards, il faut ré-abonder ce fonds", estime Moerani Frébault.
Tematai Le Gayic revient lui sur le FEI (Fonds Européen d'Investissement) avec une ligne budgétaire au sein du budget des Outre-mer, et se félicite par ailleurs d'avoir réussi à amender ce fonds d'investissement : "+ 44% par rapport aux années précédentes", a-t-il défendu.
"Le rôle du parlementaire n'est pas de promettre monts et merveilles, la transition écologique est une compétence locale mais le parlementaire doit sensibiliser pour avoir des fonds au niveau national".
Tematai Le Gayic - candidat Tavini
Si le candidat RN met avant lui le rétablissement de la bande AM, basse fréquence, pour assurer la sécurité des personnes dans les îles en cas notamment de cyclone ou autre catastrophe naturelle, Jacky Bryant lui défend la transition pour laquelle il faut adapter et s’adapter.
"Nous avons besoin de l’État, nous avons besoin d'un mix énergétique"
Jacky Bryant
C'est en tout cas une nécessité assure le candidat de Heuira les Verts qui prend par ailleurs comme exemple de réussite le SWAC. Il est rejoint dans son idée de mix énergétique par le candidat d'Amui Tatou. "Oui, on peut y aller mais faut faire attention aux coûts", argumente-t-il en assurant qu'"avec des aides de fonds nationaux, la Polynésie peut s'adapter".