Un morceau de terre arraché par la mer. Au Nord de la Grande Tahiti, une vingtaine de foyers souffrent de l’érosion côtière. C'est notamment le cas de part et d'autre de l'embouchure de la Papenoo, sur un kilomètre de long. La dépression Nat du mois de février a emporté 15 mètres du terrain familial de Teva Pani, riverain: "Cela fait mal car à l'origine, les grands parents de ma femme ne nous ont pas laissé les lieux dans cet état. Certains arbres, dont un cocotier, ont été emportés. Avec la famille on tente de s'organiser pour enrocher par nous-mêmes, car s'il faut attendre... (NDLR: les pouvoirs publics)"
La dernière saison des pluies a été dévastatrice
Un peu plus loin, l’enrochement de l’école Mamu a tenu bon, mais pas le mur de clotûre. Les galets se sont mêlés aux vagues. Sur cette portion du domaine public, la commune et le pays pourront intervenir.
Mais pas sur les propriétés privées, comme celle de Christophe Thuillier, où le terrain est comme éventré. "A chaque dépression qui passe, le phénomène s'accentue. Alors sans barrière de protection... La saison des cyclones de décembre à juin est toujours susceptible d'apporter beaucoup de dégâts".
Toutes les communes n'ont pas les moyens de ré-enrocher les berges
Selon le premier adjoint de la mairie de Hitiaa O Te Ra, Teuira Letourneux, "on ne peut pas laisser la population livrée à elle même. Nos services vont attendre que la mer baisse un peu pour pouvoir faire venir une drague. Même si on ne peut pas acheter des rochers pour enrocher, on pourra récupérer ce qui est tomber et réaliser une protection sommaire".
Tuamotu: 6 mètres de terre perdus en 25 ans
Les îles basses des Tuamotu ne sont pas épargnées. A Rangiroa, même côté lagon, les habitants assistent, impuissants, à la montée des eaux. "Cela fait 25 ans que nous habitons ici, on a perdu environ 6 mètres de terre" constate, impuissant, Alexander Matarere, habitant de Ohotu. "Quand il y a des fortes houles, à marée haute, ça envahit même le chemin qui rejoint le quai. On se demande quel héritage foncier on va laisser à nos enfants".
Il n’est pas si loin le temps ou l’ont pouvait encore courir sur les plages de Papenoo. Mais pas de place pour la nostalgie. Aux Antilles, à la Réunion, à Mayotte, une étude démontre que d’ici 2050, le recul du trait de côte pourrait rendre des centaines de logements inhabitables. Le phénomène s’accélère aussi en Polynésie Française.