Éduquer, informer la jeunesse polynésienne sur les formes de violences au sein du couple, c'est une grande découverte pour ces étudiants du Lycée Diadème. Originaires de Tahiti et des archipels, ces élèves n’avaient pas véritablement conscience de ce que pouvait être la violence conjugale ou intra familiale. À l’instar de Teragihere Fauua, étudiante en BTS :
"En tant que Polynésienne, tu te dis que c'est normal, que peut-être que c'est toi qui as fauté, alors que pas du tout. J’ai appris qu'il y avait plusieurs formes de violences, même le fait que tu te sentes dominé, c'est une forme de violence. C'est pas seulement des coups ou lorsque l'on te force à avoir des rapports sexuels, c'est pas seulement ça. C'est aussi les paroles."
Teragihere FAUUA - étudiante
La Direction Territoriale de la Police Nationale a effectivement enregistré une hausse de 19% des violences conjugales en 2023, dont une grande majorité de jeunes couples. Hatuti Teikihuavanaka est lycéen, et il constate : "en tant qu’homme, il ne faut pas croire qu'on est supérieur à la femme, quand on aime on est tous égaux. Et puis les jeunes se mettent de plus en plus tôt en couple, et donc les sensibiliser par rapport aux violences, c'est nécessaire."
Parmi les ateliers, une petite mise en situation des jeunes pour leur montrer qu’en situation de souffrance au sein de la famille, ils ne sont pas seuls. Kylian Ruruhau est l'un des acteurs de cette pièce de théâtre, il précise que : "le but premier de la pièce, c'est de montrer aux jeunes, qu'ils puissent avoir du soutien avec d'autres personnes extérieures, ou même ici au lycée. On a des psychologues. On a Margaret's place aussi, pour pouvoir en parler. On a aussi les infirmières s'ils ont des problèmes."
Beaucoup de jeunes n’arrivent malheureusement pas à en parler. Dans ce cas, l’écriture peut aussi être un exutoire. Comme en témoigne Lisa Temauri, lycéenne : "Tu es libre de ce que tu écris. Par exemple, quand tu commences à en parler avec quelqu'un, ça te bloque un peu. Parce que tu prends en compte le jugement de la personne en face de toi. Alors que quand tu commences à écrire, tu n’as pas forcément ce jugement direct, et c'est ce qui est bien."
Les élèves internes de l’établissement ont d’ailleurs exprimé leur désir de paix sur une fresque. Perrine Chabaud, documentaliste du collège lycée Diadème explique que : "le message c'est que chacun puisse s'exprimer, en fonction de son cheminement et de son vécu. On souhaite vraiment libérer la parole."
Apprendre aux jeunes à libérer la parole sur les violences intra familiale leur permettra assurément d’être les instigateurs du changement.