Heremoana Mara est livreur. De 5h du matin au début de l'après-midi, il travaille à Motu Uta pour un grand groupe de Tahiti. Après un CAE (contrat d'aide à l'emploi), il travaille en intérim depuis février avec un salaire minimum, le SMIG.
Soulagé d’avoir un emploi, le jeune homme n’en est pas pour autant serein. "C’est un peu dur quand même, la vie ici est chère (…) Si tu veux vivre, il faut avoir de l’argent. En ce moment avec l'augmentation des prix, il faut augmenter le SMIG. On a quand même un peu de mal à vivre", avoue Heremoana, "avec le prix de l’immobilier aussi qui n’est pas abordable pour nous. Ca nous oblige à vivre chez nos parents, moi perso je vis chez mes parents… Ils m’aident beaucoup aussi pour la bouffe tout ça".
Le SMIG a été augmenté une première fois en décembre de 2%, puis une seconde fois le 1er mai. Aujourd’hui, il est donc à plus de 159 000 cfp bruts. Mais en parallèle, l’inflation a elle aussi subi une envolée de +3,37%... Du coup rien ne change.
Seule solution : travailler plus. "La meilleure chose pour moi, ce serait de baisser le prix des marchandises et d'augmenter le SMIG. Car même là, c’est dur de mettre de l’argent de côté...Je suis en train de passer [le permis] le cariste et tout ca, des trucs complémentaires pour m'aider dans ma voie actuelle".
Si les secteurs du tertiaire ou l’industrie sont les plus rémunérateurs, la construction est loin derrière. Dans cette filière, on commence avec le SMIG, forcément, avant de se spécialiser mais les salaires évoluent peu et le travail ne court pas les rues. "Il faut savoir que depuis 2017, on a été gelé jusqu'à présent. Donc 2% ca ne suffit pas. Si on calcule, il faudrait multiplier les 2% par 5, c'est-à-dire de 2017 jusqu'à présent, normalement il faut une revalorisation à 10% (…)", explique Leon Maroake, soudeur et délégué syndical A tia i mua, "il faudrait que le gouvernement se penche sur le sujet qu’il y ait plus de travail, beaucoup de personnes cherchent du travail".
Rappelons qu’en Métropole, le SMIC, équivalent du SMIG, est de 196 369 cfp, bien supérieur à celui de la Polynésie française.