Pour Mereana Reid-Arbelot, tout est une histoire de hasards et d’inattendus. Indépendantiste de cœur, elle ne s’est jamais engagée au Tavini. Originaire de Raiatea, Moetai Brotherson est un ami d’enfance. Si elle accepte d’être sa suppléante en 2021, c’est par conviction et affinité. Elle se lance alors dans sa toute première campagne.
"Il m'a dit : on ne va pas tourner autour du pot de Skippy, c'est une blague entre nous pour dire qu'il allait être direct et ne pas perdre de temps, il m'a donc proposé d'être sa suppléante aux Législatives. Je lui ai dit oui à deux conditions : qu'il ne prenne pas un poste incompatible avec le mandat et de ne pas mourir. À ce moment-là on est en 2021, et donc il disait que ce n'était pas prévu et de mourir ce n'était pas dans ses plans non plus".
Mère de deux enfants et ingénieure de formation, Mereana Reid-Arbelot est passionnée par son métier d’aiguilleuse du ciel. Si les premiers temps, elle n’a pas voulu y renoncer, aujourd’hui sa décision est prise. C’est beaucoup "d’adaptation", pour reprendre ses mots tant sur le plan professionnel que personnel.
Aujourd’hui, c’est à tête reposée qu’elle accepte de relever le défi. Elle organise sa mise à disposition avec sa hiérarchie. "Ça va faire un vide. Je connais Mereana depuis le début de sa carrière en région parisienne, c'était il y a plus de trente ans", confie son collègue de travail, Dany Berthelier. À l’heure du déjeuner, sa mère ne cache pas son émotion. "Je suis bien sûr très fière d'elle, surtout que je sais qu'elle sera compétente. Ce que j'ai toujours admiré en ma fille, c'est son humilité, jamais elle ne se vantait. Alors, je souhaite qu'elle garde toujours cet esprit d'humilité que son papa et moi lui avons appris. Je suis fière aussi pour les îles Sous-le-Vent parce qu'on est de Raiatea, Moetai est de Huahine, c'est vraiment une fierté pour toutes les populations des îles Sous-le-Vent d'avoir un président du Pays et une députée à l'Assemblée nationale".
Sa devise : servir avant tout
Mereana Reid-Arbelot ne s’attendait pas du tout à vite se retrouver sur les devants de la scène. Elle sent déjà le poids des responsabilités sur ses épaules. Mais elle se dit prête à assumer ses nouvelles responsabilités et à porter la voix du peuple polynésien au national. La quinquagénaire continuera de porter les dossiers entamés : le fait nucléaire, la citoyenneté polynésienne et l’inéligibilité à vie des élus condamnés. Sa devise : servir avant tout. "Dans mon métier, on donne une clairance à un avion, c'est comme un ordre, il éxecute. J'ai un petit peu ce travers, j'aime bien que les choses soient immédiates et efficaces."
Si Moetai Brotherson est élu président de la Polynésie, il aura un mois pour renoncer à son mandat de député. Mereana Reid-Arbelot prendra alors ses nouvelles fonctions. Comme ses deux collègues et comme Moetai Brotherson avant elle, elle siègera avec le groupe de la Gauche Démocrate et Républicaine, à l’assemblée Nationale.