Meurtre d'un professeur à Arras : enseignants et élèves craignent que cela arrive en Polynésie

L'assaillant maîtrisé et plaqué au sol avant l'arrivée des forces de l'ordre.
Aujourd'hui, un enseignant a été poignardé à mort et trois autres personnes blessées dans un collège-lycée d'Arras, par un jeune homme radicalisé et fiché S, trois ans après l'assassinat de Samuel Paty et quelques jours après le début de la guerre entre le Hamas et Israël. En Polynésie, enseignants comme élèves sont choqués.

Après l'agression mortelle de ce professeur, en Polynésie "c'est le choc au niveau de toute la communauté éducative", déclare Thierry Barrère secrétaire général du syndicat Unsa éducation, "à 20 000 km, on compatit, on est là...on se sent touché mais en même temps on espère qu'un jour cette situation ne puisse pas se produire chez nous. A 20 000 km, on s'interroge, c'est-à-dire que même si on est loin de tout ça, ça nous questionne sur le métier et la dangerosité parce qu'on est en première ligne, les collègues enseignants et non-enseignants, ils sont les cibles de ces extrêmistes et des attentats dirigés contre les personnes qui dispensent le savoir et forment nos jeunes". 

Ecoutez Titaua Lavie, secrétaire administrative de l’Unsa-Éducation, au micro de Corinne Tehetia :

Même sentiment de la part Nina Callaert, enseignante stagiaire. En effet, la jeune femme est appelée à effectuer justement des stages en métropole pendant au moins 1 an. "C'est très inquiétant et finalement, on a un peu peur de partir en France....Ce n'est pas un problème qui se résoud mais qui commence à s'étendre", dit-elle.

Devant le lycée Gauguin, la mort de ce professeur agressé par un ancien élève de l'établissement fait craindre le pire. Jusque sous nos latitudes, pareille agression pourrait un jour se produire. Le cas du jeune homme tué le mois dernier à Mataiea par d'autres jeunes est encore dans toutes les têtes. "Ca fait peur, ils ont tué quelqu'un à mains nues, alors ça commence déjà. Dans le temps, ça va finir [par arriver] et ça va empirer", estime un élève.

Urgence attentat

Depuis vendredi, la France est passée en alerte "urgence attentat" après cette attaque qualifiée d'islamiste. Le rehaussement de "la posture Vigipirate au niveau urgence attentat", a été décidé par la Première ministre Elisabeth Borne après une réunion de sécurité à l'Elysée autour du président Emmanuel Macron. "Il y a un lien entre ce qu'il s'est passé sans doute dans le Proche-Orient et le passage à l'acte" de l'assaillant à Arras, a estimé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin sur TF1, évoquant "une atmosphère extrêmement négative" actuellement en France, sur fond de conflit entre le Hamas et Israël. "Quelques milliers" de militaires supplémentaires "vont aider la police et la gendarmerie, pour surveiller les centres commerciaux, pour protéger tous les Français", a-t-il dit.

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Selon le procureur antiterroriste, Jean-François Ricard, "plusieurs témoins" ont entendu l'assaillant, "connu pour sa radicalisation", "crier +Allah Akbar+". Au moins huit personnes sont en garde à vue, dont l'assaillant et deux des frères. L'un d'eux a été extrait de sa cellule, où il est incarcéré pour "association de malfaiteurs terroristes", selon une source policière.

L'enseignant tué, Dominique Bernard, était un professeur agrégé de Lettres modernes de 57 ans "apprécié de ses élèves et de ses collègues", selon les témoignages recueillis par l'AFP. Originaire d'Arras, il était père de trois grandes filles et marié à une enseignante.