Michel Blanc est mort à 72 ans

L'acteur Michel Blanc est mort à 72 ans, dans la nuit du 3 au 4 octobre.
Éternel Jean-Claude Dusse dans "Les Bronzés", acteur majeur du cinéma comique dans les années 80 avant de s'orienter vers des rôles dramatiques et une carrière de réalisateur, Michel Blanc est mort à 72 ans, dans la nuit du 3 au 4 octobre, suscitant un torrent de réactions.

L'acteur, qui se voyait comme un "clown angoissé", a eu un malaise cardiaque et a été transporté dans un hôpital parisien où il est décédé. "Putain, Michel... Qu'est-ce que tu nous as fait...", a réagi sur Instagram Gérard Jugnot, son complice de la troupe comique du Splendid. Sur RTL, ce dernier a évoqué "un choc anaphylactique, une allergie à un médicament" après un examen médical de routine, ce qu'a confirmé l'entourage de Michel Blanc à l'AFP. 

"Michel mon pote, mon frère, mon partenaire", a commenté Josiane Balasko, elle aussi membre de cette troupe de café-théâtre qui les guida vers le succès avec "les Bronzés", faisant entrer dans la légende le personnage de Jean-Claude Dusse, ses "malentendus" et ses plans drague boiteux.

"D'une seule voix", l'ensemble des ex-comédiens du Splendid, dont Christian Clavier et Thierry Lhermitte, ont exprimé leur "douleur immense", remercié "chaleureusement des témoignages de soutien et d'amitié" et appelé à "respecter (leur) silence". Josiane Balasko à Chalet-Saint-Denis (Suisse) et Marie-Anne Chazel, autre membre de la troupe, à Paris, ont chacune dédié à leur ami la pièce dans laquelle elles jouaient vendredi soir. 

Devant le théâtre du Splendid, des Français témoignaient de leur "tristesse". "Il était drôle et en même temps émouvant", selon Isabelle, 60 ans, qui appréciait son "côté discret aussi". Le chef de l'État, Emmanuel Macron, a évoqué la perte d'un "monument du cinéma français", tandis que le Premier ministre Michel Barnier a estimé qu'"on (avait) tous un peu de Michel Blanc en nous".

Casser son image

Issu d'une famille modeste, Michel Blanc a longtemps incarné au cinéma l'archétype du loser, chauve maigrichon et moustachu aussi exaspérant qu'attachant, notamment dans "Marche à l'ombre" (1984), qu'il avait réalisé.

"À l'époque, on a écrit des personnages qui étaient assez proches de nous. Jean-Claude Dusse, c'était clairement pour moi"

Michel Blanc à Paris Match

Soucieux de casser cette image, il s'est éclipsé le premier du Splendid pour prendre d'autres chemins, plus graves et tortueux. "Ce n'était pas contre mes potes. Je me demandais: est-ce que j'existe ou est-ce que je suis 1/7e du Splendid ?", s'était-il justifié.

Il avait alors osé des rôles dramatiques comme celui du travesti Antoine dans "Tenue de soirée" (1986) de Bertrand Blier ou de l'inquiétant "Monsieur Hire" (1989) de Patrice Leconte, d'après un livre de Georges Simenon, explorant ainsi sa nature profonde.

"C'était quelqu'un de très très angoissé, très, très tourmenté mais terriblement drôle", a également dit Gérard Jugnot. Plus tard, il incarnera un directeur de cabinet ministériel froid et méthodique dans "L'Exercice de l'Etat", qui lui valut un César en 2012. "C'est un type de rôle dont je rêvais mais je n'étais pas sûr que vous m'acceptiez dans ce rôle-là, que le public m'accepte dans ces rôles-là", avait-il déclaré, ému, au moment de recevoir son prix.

Bosseur, perfectionniste, Michel Blanc savait utiliser ses complexes et son talent d'écriture pour explorer le désenchantement et façonner les personnages de ses films, notamment "Grosse Fatigue" (1994), sur les affres de la célébrité, et la comédie acerbe "Embrassez qui vous voudrez" (2002), qu'il a réalisés. France 2 notamment a rediffusé vendredi en première partie de soirée "Je vous trouve très beau", succès surprise où l'acteur incarne un agriculteur veuf en quête d'épouse, et France 3 diffusera lundi soir "Grosse fatigue".

Pour son dernier rôle, Michel Blanc avait encore opté pour un registre grave : "La Cache", adaptation du roman de Christophe Boltanski sur le trauma d'une famille juive contrainte à la clandestinité pour échapper aux nazis, doit sortir en 2025. Selon Patrice Leconte, c'était "un type très original, extrêmement singulier, assez secret". Dans un entretien à Télérama, lui-même ne cachait pas sa part d'ombre. "Je ne suis pas du tout un clown triste mais un clown angoissé", disait-il, ajoutant "mais qui n'est pas angoissé ? C'est quoi la condition humaine ? Ne pas savoir pourquoi on est là, ne pas savoir comment on va mourir".