Visite guidée sur l’atoll du grand secret…Chaque année, la mission Turbo du Commissariat à l’Energie Atomique vise à surveiller l’ancien site d’expérimentation nucléaire. Des prélèvements effectués dans le lagon, au large et dans les sols de Moruroa et Fangataufa, mais aussi sur la faune et la flore, afin d’en mesurer la radioactivité. "Ici à Moruroa, vous avez 28 militaires qui sont là en permanence pour à la fois garder l'île et en même temps soutenir les missions qui viennent ici pour surveiller l'atoll aux plans radiologique et géomécanique", explique le contre-amiral Geoffroy D'andigné, commandant supérieur des forces armées en Polynésie française.
Au puits de stockage n°1, les déchets radioactifs sont enfouis sous la roche. Il existe au total une trentaine de puits comme celui-ci, avec des déchets à des degrés de radioactivité différents. "L'eau circule très très peu et en fait, il n'y a pas de fuite. Nous ce qu'on constate, parce qu'on fait des mesures tout autour, c'est qu'il n'y a pas de fuite", remarque Anne-Marie Jalady, médécin-chef. "Quand je vois les aléas de la construction d'une tour des juges où on fait des forages sur un demi-mètre cube, ou quand je vois les aléas de construction d'un parking parce qu'on n'est pas capable de bien évaluer les sols, je me dis que les marges d'erreur sont quand même conséquentes", rétorque Moetai Brotherson, président de la Polynésie.
Pour cette visite officielle, l’Etat et le Pays sont accompagnés de représentants et d’associations. "Ca peut peut-être aider au niveau de la réconciliation de venir voir en fait par ses propres yeux, et j'avais vraiment l'impression de faire une visite guidée sur ce pan de l'histoire qu'on nous a caché. Je pense que c'est important qu'on continue comme ça et que tout le monde puisse avoir accès à tout ça", suggère Hinamoeura Cross, représentante à l'assemblée de Polynésie.
En 1965, avant le premier tir nucléaire, un artifice se déclenche dans le bunker Denise et tue 3 employés. Un hommage leur est rendu et une gerbe est déposée en leur mémoire et de celle de tous les anciens travailleurs. "Ca fait mal au coeur d'entendre la musique, d'entendre les paroles qui ont été prononcées concernant ces 3 travailleurs, ça me fait mal", déclare Edmond Teiefitu, ancien travailleur de Moruroa.
Entre 1966 et 1996, la France a procédé à 193 essais nucléaires. Depuis, Moruroa et Fangataufa restent propriétés de l’armée.
Le reportage de Lucile Guichet et Mélissa Chongue :