"Mon île va me manquer" : à chaque rentrée scolaire, la douloureuse épreuve du départ pour les élèves de Rurutu

66 élèves originaires de Rurutu ont embarqué sur ce vol charter en fin d'après-midi, mardi 14 janvier 2025.
Le rapatriement des élèves de Rurutu a été avancé de deux jours à cause du risque de grève de la FRAAP. Ce mardi, les adolescents ont quitté leurs proches, non sans émotion, pour rejoindre leur internat à Tahiti.

Les larmes ont coulé sur les joues ce mardi à Rurutu. Après un mois aux côtés de leurs proches, les 66 enfants de l'île scolarisés à Tahiti ont embarqué dans leur vol charter. Pour anticiper la grève de la FRAAP, qui a finalement été suspendue, le rapatriement de ces élèves des Australes a été avancé. "C'est bien aussi parce qu'ils ont priorisé les élèves au lieu d'attendre que la grève ait lieu. Je préfère qu'ils partent plus tôt que de rater quatre jours d'école" se rassure Mareva, une mère de famille. 

Mais les au revoir sont toujours difficiles. D'autant que cette fois, ils ont deux jours en moins pour profiter de leurs familles. "Je n'ai pas eu assez de temps pour profiter ici à Rurutu. J'aime bien ma vie ici, je n'ai pas envie de rentrer. Mais bon, pas le choix, c'est l'école" confie Avitua, en deuxième année de CAP au lycée de Mahina. "Mon île va me manquer" lance Teheiarii, inscrit en seconde au lycée de Faaa. Mais il sait qu'il doit "aller à Tahiti pour acquérir plus de connaissances".

Lisa prépare toujours les valises de son fils avec lui avant chaque départ.

Comme tous les enfants originaires des archipels, l'exil est un passage obligé. Aussi difficile soit-il, c'est une condition sine qua non pour s'assurer un avenir professionnel solide. Mais la vie est bien différente d'une île à l'autre, surtout lorsqu'on vient de Rurutu et qu'on va vivre à Tahiti. "Ça change tout, ce n'est pas pareil. Tu n'as pas le même environnement, tu ne fais pas les mêmes choses, ici tu as plus de libertés qu'à Tahiti" estime Toanui Manuel, élève en seconde au lycée Diadème.  

L'adolescent a passé la débroussailleuse pour son dernier jour de vacances. Avant chaque départ, il s'attache à laisser une cour impeccable. Sa maman, Lisa, prépare toujours ses valises avec lui. "C'est triste comme toutes les vacances. Quand ton enfant part pour les études, ça fait mal au cœur" dit Lisa. Elle pourra contempler son jardin en pensant à son fils...