Nahema Temarii et Jordy Chan, les benjamins du gouvernement Brotherson

Nahema Temarii et Jordy Chan
Le président de la Polynésie française Moetai Brotherson a présenté son Gouvernement le 15 mai. Il est composé de dix nouveaux ministres dont Nahema Temarii, en charge de la Jeunesse et des Sports et Jordy Chan, en charge des Grands travaux, respectivement âgés de 32 et 29 ans. Tous deux n'ont qu'une envie : contribuer au développement de leur Pays.

Moetai Brotherson nous réservait quelques surprises ce lundi en nous dévoilant son gouvernement. Il le voulait compétent, apolitique ou pas et avec autant d'hommes que de femmes. On y est presque : quatre femmes et six hommes composent aujourd'hui le nouveau gouvernement Brotherson. Dix ministres et une toute nouvelle déléguée interministérielle au Handicap et aux personnes en perte d'autonomie, madame Nathalie Salmon-Hudry. C'est inédit. Lourdement handicapée depuis sa naissance, cette dernière a déjà écrit deux livres dans lesquels elle porte la parole des personnes handicapées.

Dans ce gouvernement tout frais, deux jeunes Polynésiens : Nahema Temarii, 32 ans et Jordy Chan, 29 ans. Ils ont été approchés par le Président il y a à peine quelques jours pour intégrer le Gouvernement...et ils ont accepté de relever le défi.

De cheffe d'entreprise à Ministre

 « Plus rien n’est insurmontable » nous confiait justement Nahema l'année dernière. Après dix ans de salariat dans la communication, elle monte Wow Sense, une agence de communication digitale, en 2018. Mais elle était loin, très loin de s'imaginer devenir autre chose que cheffe d'entreprise. Aujourd'hui, elle est ministre des sports, de la Jeunesse et de la prévention contre la délinquance. C'est une grande responsabilité...mais un challenge qui lui correspond si bien.

« Je rejoins un gouvernement auquel je m'identifie, et ça, c'est très important. À la base je suis cheffe d'entreprise et je n'avais pas prévu un autre plan de carrière, sincèrement. Les Temarii n'ont jamais été Tavini, néanmoins, il faut le reconnaître - le programme que le Tavini propose est intéressant et respectueux et c'est, je pense, celui dont la population avait besoin. Donc, je suis particulièrement fière. »

Dès le plus jeune âge, son père Reynald Temarii lui inculque le goût de l’effort. Elle découvre le monde du travail à 16 ans. Media officer pendant dix ans pour la FIFA, cheffe d'entreprise, femme de terrain et maman d'une petite fille de huit ans, Nahema a réellement conscience de tous les enjeux concernant la jeunesse et une très bonne connaissance du sport en backstage. 

« Quelle meilleure opportunité pour un chef d'entreprise Polynésie, et en plus pour une femme, que d'avoir la chance de discuter avec Moetai Brotherson ! On est là pour bâtir aujourd'hui, pour les enfants de la Polynésie. »

Elle saisit donc l'opportunité, après plusieurs mois « particulièrement chargés dans la vie entreprenariale. Les entrepreneurs se reconnaîtront dans ce que je dis. J'étais occupée ailleurs...et j'ai été surprise de recevoir un sms, un soir à 23h, du futur Président. » Elle suit ainsi les pas de son père, lui-même ministre sous l'ère Gaston Flosse. 

« Je suis fier de la personne qu'est ma fille. Et encore plus fier qu'elle ait eu l'intelligence de fermer sa boîte, après cinq ans à s'investir corps et âme. Je l'ai certainement inspirée mais elle a construit elle-même son parcours. C'est à son talent et son travail qu'elle le doit, tout simplement », décrit Reynald.

Nahema était l'invité de notre journal du 15 mai 2023. Ecoutez la:

Quand expérience et jeunesse vont de pair

La fierté envahit aussi la maman de Jordy Chan, ce matin, dans la salle d'honneur de la présidence. Lisa est présente, lorsque son fils d'à peine 29 ans, est officiellement nommé ministre des Grands travaux, de l'Equipement en charge des Transports aériens, terrestres et maritimes. « Il a toujours voulu apporter sa pierre à l'édifice », nous livre-t-elle. C'est d'ailleurs ce qui a poussé le jeune homme à accepter l'offre : « j'ai toujours voulu contribuer au développement de mon Pays, c'est quelque chose qui m'anime depuis que je suis petit. »

De nature discrète, Jordy Chan est aujourd'hui sous le feu des projecteurs. Il est le plus jeune ministre du gouvernement Brotherson, et pourtant déjà diplômé de l'école d'ingénieur des ponts des chaussées, doublé d'un master en politiques publiques. « Je n'avais jamais pensé occuper cette fonction par le passé. J'ai toujours apprécié rester dans l'ombre. Ce qui m'a donné envie : c'est un beau challenge et l'opportunité d'avoir un impact positif. » 

Né à Tahiti, Jordy quitte le Fenua à 18 ans pour poursuivre ses études à Paris. En s'intéressant au domaine de l'économie, il découvre aussi la pauvreté, devenue une cause chère à ses yeux. C'est précisément cette cause qui l'a amené à travailler avec différentes organisations internationales, telle que la banque mondiale basée à Washington, ou encore l'Organisation des nations unies, en Haïti. 

De retour en Polynésie, Jordy Chan décroche le poste de directeur adjoint en charge du développement et des études prospectives au port autonome et élabore le schéma directeur de ce même site, accepté en conseil des ministres il y a quelques mois de cela. 

Son expertise a visiblement retenu l'attention du Président, plus que son jeune âge. Amateur de surf, il se compare à ces « petits de 6 à 10 ans qui me montrent, à chaque session, à quel point j'ai des progrès à faire dans la discipline. Ce n'est pas une question d'âge, je pense qu'on n'est jamais trop jeune pour relever de grands défis. La jeunesse au sein de notre gouvernement est un atout. Cela nous permettra d'insuffler un nouveau dynamisme, d'appliquer une nouvelle manière de faire de la politique. Une manière plus respectueuse, plus humble et avec beaucoup de compétences » pose calmement le nouveau ministre, aujourd'hui reconnaisant de « servir son Pays ». Il compte se pencher en premier sur la congestion routière... 

Ces deux jeunes ministres sont prêts à s'engager pour le pays via leurs diplômes et leur expérience. Un gouvernement rajeuni, qui cristallise tous les espoirs, comme ont pu le constater Natacha Szilagyi et Mélissa Chongue.