Neuralink : les implants cérébraux de la start-up d’Elon Musk vont être testés sur des humains

La société Neuralink, créée par le milliardaire américain Elon Musk.
Neuralink a annoncé, jeudi, avoir reçu l’autorisation de la FDA (l’agence américaine du médicament) pour lancer les essais cliniques de ses implants cérébraux connectés.

Jeudi, la start-up Neuralink, une des entreprises d’Elon Musk, a annoncé sur Twitter qu’elle avait reçu l’accord des autorités sanitaires américaines pour tester ses implants cérébraux connectés sur des humains. Le but du multimilliardaire ? Tout simplement faire communiquer directement cerveaux et ordinateurs.

« C’est un premier pas important qui permettra un jour à notre technologie d’aider de nombreuses personnes », a déclaré la société californienne, précisant que « les recrutements pour les essais cliniques ne sont pas encore ouverts ». Mais cela ne serait tarder. 

« Nous sommes désormais confiants dans le fait que l’appareil de Neuralink soit prêt pour les humains, donc le calendrier dépend du processus d’approbation de la FDA », l’agence américaine du médicament, avait indiqué Elon Musk fin novembre sur Twitter, un mois après avoir racheté le réseau social. La FDA n’a pas immédiatement répondu à une sollicitation de l’AFP.

Une « symbiose avec l’intelligence artificielle »

Cofondée par Elon Musk en 2016, l'entreprise Neuralink conçoit des appareils connectés à implanter dans le cerveau pour communiquer avec les ordinateurs directement par la pensée. A moyen terme, l'objectif est d'aider des personnes paralysées, atteintes de lésions de la moelle épinière ou souffrant de maladies neurologiques comme la maladie de Parkinson. A long terme, Elon Musk entend créer une relation symbiotique entre l'homme et l'intelligence artificielle, ce qui pourrait brouiller les frontières entre la pensée humaine et l'informatique.

Selon des données du cabinet Pitchbook, Neuralink, basée en Californie, emploie plus de 400 personnes et a levé au moins 363 millions de dollars.

Comment fonctionne cette technologie ? Elle consiste en un implant placé dans le cerveau par une chirurgie effectuée par un robot. Une fois implanté, l'objet serait invisible de l'extérieur et serait alimenté par une petite batterie rechargeable à distance. L'implant, de la taille d'une pièce de monnaie, dispose d'électrodes capables d'enregistrer des signaux nerveux et de stimuler des régions spécifiques du cerveau.

Neuralink travaille aussi sur le développement d'implants à installer dans la moelle épinière ou les yeux, pour rendre la mobilité ou la vision. La start-up veut rendre ces implants suffisamment sûrs et fiables pour qu'ils relèvent de la chirurgie élective (de confort). Des personnes pourraient alors débourser quelques milliers de dollars pour doter leur cerveau d'une puissance informatique.

Pour Elon Musk, ces puces doivent permettre à l’humanité d’arriver à une « symbiose avec l’intelligence artificielle (IA) », selon ses mots de 2020, prononcés lors de la conférence annuelle de l’entreprise. Le milliardaire craint que des systèmes d’IA ne dépassent les humains et ne prennent un jour le contrôle.

Des essais sur les singes 

En juillet 2019, il avait estimé que Neuralink pourrait réaliser ses premiers tests sur des individus en 2020. Pour l’instant, les prototypes ont été implantés dans le crâne d’animaux. Plusieurs singes sont ainsi capables de « jouer » à des jeux vidéo ou de « taper » des mots sur un écran, simplement en suivant des yeux le mouvement du curseur à l’écran.

Fin novembre, la start-up avait aussi fait le point sur ses dernières avancées dans la conception d’un robot-chirurgien et le développement d’autres implants, à installer dans la moelle épinière ou les yeux, pour rendre la mobilité ou la vision.

D’autres entreprises travaillent sur le contrôle des ordinateurs par la pensée, comme Synchron, qui a annoncé en juillet 2022 avoir implanté la première interface cerveau-machine aux États-Unis. « Nous construisons une technologie capable de diffuser directement la pensée des personnes qui ont perdu la capacité de bouger ou de parler à cause d’une maladie ou de blessures », explique Thomas Oxley, le fondateur et patron de cette start-up, dans une vidéo sur son site web.

Plusieurs patients testent déjà l’implant, qui a été inséré dans des vaisseaux sanguins, pour pouvoir composer des e-mails ou aller sur Internet grâce à leurs yeux et à leur cerveau.

Quels problèmes éthiques cela pose-t-il ?

L'idée d'une symbiose entre l'humain et la machine enthousiasme depuis longtemps certains férus de technologies, tout en alimentant les cauchemars d'un futur dystopique dominé par les cyborgs, des êtres humains greffés avec de la mécanique ou de l'électronique, comme l'explique le musée de l'Homme. 

Dans un sondage réalisé par l'institut de recherche Pew l'an dernier, 78% des personnes adultes interrogées déclaraient qu'elles ne souhaitaient probablement pas ou certainement pas qu'une puce informatique soit implantée dans leur cerveau pour traiter les informations plus rapidement.

Selon l'agence de presse Reuters, le ministère de l'Agriculture américain a en outre ouvert en décembre une enquête sur de possibles infractions aux textes sur la protection des animaux par Neuralink. L'agence rapportait alors que l'entreprise avait tué environ 1 500 animaux, dont plus de 280 moutons, cochons et singes.

Au sujet des expérimentations sur les singes, le site d'information Cnet rappelle que l'ONG américaine Physicians Committee for Responsible Medicine a, en décembre dernier, assuré que "des centaines de pages de documents publics ont révélé de véritables horreurs : crânes ouverts, dispositifs implantés, infections chroniques, paralysie, convulsions et mort". Le ministère de l'Agriculture américain n'avait à l'époque pas voulu confirmer ou infirmer l'existence de l'enquête.