Noël sans argent : comment font les familles pour passer les fêtes ?

Heifara, ancien syndicaliste et retraité.
Noël, période faste pour la consommation, mais pas pour tout le monde...les guichets de distribution d'aide alimentaire sont débordés, et dans certains quartiers, les familles en difficulté s'adaptent comme elles peuvent pour passer les fêtes dans la joie. Dans le lotissement Taapuna, à Punaauia, l'entraide est de rigueur.

Noël est déjà passé dans une maison de quartier de Punaauia où 75 enfants de Taapuna et Punavai ont bénéficié la semaine dernière, d’une journée festive financée par la commune et le contrat de ville. "On a fait un grand spectacle de Noël, ils ont préparé un concours de mise de table, un concours de la plus belle lettre de Noël, et le sapin le plus écolo. Pour les récompenser, on leur a offert des cadeaux", raconte Tea, animatrice de maison de quartier.

Une maison de quartier où les enfants de Taapuna et Punavai ont pu passer Noël avant l'heure.

Dans un lotissement, les familles sont logées par l’Office polynésien de l’habitat. C’est le cas de Monique, employée à l’OPT, et  aujourd’hui propriétaire de son logement. Elle passera les fêtes sans ses enfants, actuellement à Huahine, chez sa tante, veuve, comme elle, qui accueille volontiers les mamans du quartier…"Ma tante m'a invitée pour passer la Noël et le jour de l'an. Je vais y aller pour faire la fête. D'autres familles ont des difficultés pour avoir des cadeaux pour leurs enfants et comme la vie est très chère, certains sont dans la misère", dit Monique. "Depuis qu'on est veuve, tous les ans j'invite les mamans d'ici à venir chez moi pour manger, passer un petit moment ensemble, on fait la fête. Je ne dis pas que je suis riche, mais je peux quand même les inviter chez moi pour passer une bonne année", explique la tante de Monique.

Monique est veuve. Elle passera les fêtes avec sa tante à Huahine.

Un peu plus loin, dans un bâtiment qui semble abandonné, un sexagénaire, Heifara, ancien syndicaliste, père de 5 enfants, vit avec une retraite de 107 000 cfp. Pour lui, le réveillon n’est pas une priorité en Polynésie où la vie est chère. "Tout augmente, ici c'est plus cher par rapport aux autres territoires [d'outre-mer]...Pour le réveillon, j'attends les réponses qui vont venir demain de mes enfants qui sont en France et mes deux filles qui sont ici", indique Heifara.

L'entraide fait souvent la différence dans les familles nécessiteuses qui, avec peu d'argent, ne croient sans doute plus au père Noël.

Noël n’aura donc sans doute pas la même saveur pour tout le monde, dans ce quartier de Taapuna.

La pauvreté touche 30% des familles en Polynésie.