Les indépendantistes avaient alors refusé de prendre part à cette convention et n'avaient pas répondu à l'invitation à Paris de la Première ministre Elisabeth Borne. "Lors de ce premier déplacement, le ministre avait rappelé aux indépendantistes qu'il acceptait de tenir les réunions bilatérales avec l'Etat, qu'ils appellent de leurs voeux depuis quelques mois, après la tenue du congrès du FLNKS", souligne le ministère.
Ce congrès, plusieurs fois reporté, a finalement eu lieu les 25 et 26 février et permis aux différentes composantes du parti indépendantiste de valider "la trajectoire unique qui fixe le cadre des discussions bilatérales de décolonisation".
"La seule discussion qui est rouverte aujourd'hui est celle sur l'accession à la pleine souveraineté"
Un membre du FLNKS.
Chaque organisation du FLNKS disposera désormais d'un représentant au sein d'un Comité stratégique indépendantiste, chargé de définir les modalités de discussions avec l'Etat. S'ils restent ouverts à la discussion, les indépendantistes ne s'inscrivent toutefois pas dans le calendrier défini par l'Etat. Ils redoutent notamment d'être associés à une réforme constitutionnelle beaucoup plus globale que la simple modification du statut de la Nouvelle-Calédonie.
Pour le ministère de l'Intérieur, "on entre désormais dans le fond des négociations avec ces réunions bilatérales qui concerneront à la fois les indépendantistes avec le Front et les non-indépendantistes avec l'ensemble des groupes au Congrès".
Mais les indépendantistes ne souhaitent pas encore aborder le fond des sujets mais attendent plutôt un cadre de discussions et notamment un calendrier. "La seule discussion qui est rouverte aujourd'hui est celle sur l'accession à la pleine souveraineté", explique un membre du FLNKS.
Le camp loyaliste n'attend pas non plus de la visite de Gérald Darmanin d'avancées sur le coeur du dossier. "Il faut que la venue du ministre aboutisse à un modus operandi sur les bilatérales. C'est-à-dire un calendrier, des sujets, des dates et des endroits", a détaillé pour l'AFP Philippe Gomès, membre fondateur de Calédonie ensemble. "Il faut passer par ce temps de purge de la question du dernier référendum sinon, il n'y aura pas de discussions tripartites", a-t-il poursuivi.
L'objectif de Gérald Darmanin reste de réunir indépendantistes et non-indépendantistes pour ces négociations à trois avec l'Etat. "C'est ce seul format qui nous permettra de trouver un accord sur un nouveau statut pour la Nouvelle-Calédonie".
Trois référendums ont rejeté l'indépendance du territoire du Pacifique Sud mais la légitimité du dernier scrutin, organisée en décembre 2021 en pleine pandémie de Covid, a été vivement contestée par le FLNKS.
M. Darmanin compte profiter de son séjour pour discuter de l'avenir de la filière nickel, alors que l'Etat a apporté mi-février un nouveau prêt de 40 millions d'euros à la Société le Nickel (SLN), filiale du groupe Eramet.
L'Etat, qui a mis au pot ces six dernières années plusieurs centaines de millions d'euros, "souhaite garantir une meilleure utilisation de l'ensemble des ressources publiques mobilisées en soutien à ce secteur", avait alors indiqué Bercy. Il a ainsi demandé à l'Inspection générale des finances et au Conseil général de l'économie d'établir un diagnostic de la filière.
Vanuatu, Wallis et Futuna...
Pendant sa visite dans le Pacifique, Gérald Darmanin se rendra samedi au Vanuatu, un des derniers territoires français à avoir accédé à l'indépendance en 1980, et dont les autorités ont "longtemps soutenu la cause indépendantiste en Nouvelle-Calédonie", selon le ministère.
Le ministre délégué aux Outre-mer Jean-François Carenco, qui accompagne M. Darmanin en Nouvelle-Calédonie, se rendra lui à Wallis et Futuna, îles françaises du Pacifique, où il compte aborder les sujets des infrastructures et de l'alimentation.