Onu : l'objectif de décolonisation du Tavini passe par plusieurs voies

Moetai Brotherson et Oscar Temaru côté à côté. Deux présidents, du Pays et du Tavini, et deux façons d'aborder l'indépendance de la Polynésie.
Se diviser ou s’unir pour remporter le combat ? A New York, les tactiques politiques pour convaincre la France de soutenir les indépendantistes dans leur lutte pour l’indépendance sont mitigées. Face au représentant de la France, les 2 courants existants au sein du Tavini se confirment. Oscar Temaru et ses soutiens veulent couper définitivement les ponts, quand Moetai Brotherson se satisfait du dialogue renoué.

À New York, si le Tavini se partage les rendez-vous protocolaires, il ne partage pas toujours la même façon de faire.

Ce jeudi, le rendez-vous avec l’ambassadeur de France auprès de l’ONU, Nicolas de Rivière, n'a pas fait l’unanimité. Ni Oscar Temaru, ni le député Tematai Legayic, ni Antony Géros ne s’y sont rendus. Ce dernier a préféré rencontrer les ambassadeurs auprès de l’ONU des Samoa occidentales et du Timor Oriental, pays indépendants depuis 60 ans pour l'un et depuis 20 ans pour le second qui est devenu la démocratie la plus pauvre d'Asie du Sud-Est.

Pour le Tavini Huiraatira, le travail diplomatique passe d'abord par le grand Pacifique et l'ONU. "Oscar a quand même une histoire avec la France, de plus de 50 ans, Moetai vient d'arriver. [C'est une question de génération ?] Non c'est une question de passé et d'histoire, plein d'anecdotes et plein d'événements, et qui fait qu'aujourd'hui la vision que le président du Tavini a de l'Etat français reste la même", explique Antony Géros, vice-président du Tavini.

Aujourd'hui, Moetai Brotherson a été reçu par l'ambassadeur de France à l'ONU. Oscar Temaru a décliné l'invitation.

Moetai Brotherson et le député Steve Chailloux, quant à eux, ont rencontré l'ambassadeur de France à l'ONU pendant près d'une heure ce jeudi. Au menu des discussions : l'ONU bien sûr, mais aussi la Nouvelle-Calédonie dont la Polynésie reste très proche, et la Chine. Le président veut maintenir toutes formes de dialogue. "Il ne faut pas confondre consensualité et manque de détermination. Je suis quelqu'un de très déterminé. Chez nous aux Raromatai on dit "ono ono". J’ai un but, ce but est bien précis et ne varie pas d'un iota dans ma tête. Simplement j'estime que les moyens d'y arriver ne passent pas par l'outrance, la confrontation permanente", remarque Moetai Brotherson.

La solitude du pouvoir ?

Une ligne de conduite pas toujours comprise en interne. Mais le député Tematai Legayic ne veut pas mélanger militantisme et mandat présidentiel. "Lorsque Darmanin est venu en Polynésie il avait dit que ce n'était pas à lui de donner un avis sur l'évolution institutionnell, c'est au président de la République. Je ne comprends pas pourquoi on devrait aller discuter avec un ambassadeur. Il y a la posture du parti, et celle lorsqu'on est dans des institutions. Avant lui le Président Fritch écartait complètement les indépendantistes, là on a un président qui met en avant l'ensemble des idées politiques de notre pays. Mais le Tavini est un parti indépendantiste et lui doit avoir sa ligne de conduite comme le Tapura ou A Here ia Porinetia ont la leur", précise Tematai Le Gayic, député de Polynésie.

Reste à savoir si, de retour à Tahiti, l'exécutif et le législatif pourront resserrer leurs rangs et parler d'une seule voix, sans laisser transparaître de malaise.