'ōrero, un art bien vivant

'ōrero, un art bien vivant
Si le français est notre langue officielle, il coexiste avec sept autres langues et notamment le tahitien. Seulement avec les années, les locuteurs sont de moins en moins nombreux. Parmi les initiatives culturelles pour revitaliser nos langues : la pratique du 'ōrero. A l'origine, le 'ōrero faisait partie intégrante de la vie de tout Polynésien, aujourd'hui, c'est un art, l'art oratoire. Mais alors comment juge-t-on un bon 'ōrero ?

Sur la scène de To’ata, Minos déclame avec passion dans sa langue maternelle. Sacré meilleur orateur, il relève aujourd’hui un autre défi, le concours ‘ārere du festival Parau ti’amā. L’auteur Jacky Bryant lui a écrit six pages de texte sur le thème des tupuna, les ancêtres, mais il n’aura que 5 minutes pour convaincre. "Un bon 'ōrero, il faut qu'il soit charismatique, une bonne présence sur scène et qui n'a pas de regard fuyant", confie Teiva.

Parmi les initiatives culturelles pour revitaliser nos langues : la pratique du 'ōrero.

Transmettre l’art oratoire à la nouvelle génération est l’une des manières de maintenir les langues polynésiennes bien vivantes. À bientôt 15 ans, Tuariki s’inspire lui aussi de la technicité, de l’engagement et de la prestance de son mentor, le défunt John Maira’i. "C'est que de l'émotion et du bonheur. Je pense que John est fier de là où il est", confie le jeune homme.

A l'origine, le 'ōrero faisait partie intégrante de la vie de tout Polynésien, aujourd'hui, c'est un art, l'art oratoire.

Fort de l’enseignement du grand homme de culture qu’était John Maira’i, Tuariki doit maintenant découvrir sa propre identité.

 "Je ne dis pas que je dois oublier l'enseignement de John. Mais il faut qu'il y ait John et Tuariki. Et je sais que Tuariki un jour va se développer".  

Tuariki

 

Selon Vaihere Cadousteau - auteure d’un essai universitaire sur le ‘ōrero et membre du jury au dernier Heiva i Tahiti - si aujourd’hui le ‘ōrero est considéré comme un art, il faisait auparavant partie intégrante de la vie de tout Polynésien. Il était pour lui, la preuve même de son identité, un moyen d’affirmer son appartenance à un clan et une terre.

 "Aujourd'hui, on ne pourra pas forcément déclamer sa lignée, sa généalogie. On ne pourra pas chanter la cosmogonie des Dieux. Maintenant, je pense que c'est plus un exercice de style. On doit encore convaincre mais pour un concours, pour plaire"; 

Vaihere Cadousteau - auteure d'un essai universitaire sur le ‘ōrero 

 

Esthétiser le ‘ōrero, une pratique contemporaine… Mais peu importe, il est bien vivant et permet de valoriser ce qu’il y a de plus précieux dans toute culture : la langue originelle.