Parlant mieux tahitien que français, Minos est devenu un maître du orero

Minos se produit au Heiva mais il enseigne aussi l’art oratoire dans les écoles et au conservatoire de Tahiti.
Primé plusieurs fois au Heiva au Tahiti pour ses prestations, Teiva Manoï dit Minos fait partie de ceux qui ne se contentent pas de déclamer des légendes. Le plus important pour lui, c'est de faire vivre le texte pour que le public ressente toute son énergie. Aujourd’hui, Minos, enseigne l’art oratoire dans les écoles et au conservatoire.

Il a remporté de nouveau le premier prix en orero au Heiva i Tahiti de cette année. Teiva Manoi plus connu sous le nom de Minos a réalisé son rêve, celui de devenir orateur.
Et c’est grâce à ses parents qu’il maîtrise bien notre langue maternelle.
Quand il était petit, ils ne lui parlaient qu’en tahitien à la maison et petit à petit, le jeune Teiva va s’intéresser à l’art oratoire. "Lorsque j'ai compris que je pouvais réussir avec ma langue, je pouvais aussi partager ce que je maîtrisais le mieux. Apprendre le français, cela a été difficile pour moi durant le primaire, le collège et le lycée. Il ne faut pas s'étonner si j'avais de mauvaises notes parce que je traduisais mon tahitien en français ! Donc c'était du mot à mot. [Cela ne voulait rien dire ?] Que dalle !", avoue Teiva.

Un héritage dont il est fier. A l'école primaire, Minos s’intéresse à la comédie, au théâtre puis il continue au collège. "Au fur et à mesure, j'ai compris que ce que je faisais c'est un peu en partie de l'art oratoire, du orero. A force, j'ai cherché à savoir où est-ce que cet art était encore pratiqué. J'ai vu qu'il y avait le Heiva".

Le reportage de Corinne Tehetia :

En 1999, il fait son premier Heiva avec Temaeva de Coco Hotahota. Le jeune Minos veut faire partie des orero, mais le chef de groupe n’est pas du même avis. "Il m'a dit : "non bébé, tu fais de la danse ! Et en 2004, avec les copains, on a monté le groupe Tamarii Tipaerui. Je leur ai aussi demandé et ils m'ont répondu "non", tu seras batteur, danseur. Jusqu'en 2010, avec le groupe Toa Kura, par le biais du groupe Manu Ura, on m'a contacté pour faire le orero sur une écriture de John Mairai. Et du coup ils m'ont refilé un texte de 15 pages. Comme je suis obéissant et même si je ne le connaissais pas personnellement, je l'ai fait et déclamé à ma façon. Et j'ai remporté le premier prix, c'était le tout premier, un prix spécial appelé "bonbon sucette".

Côté public, c’est le coup de cœur, se rappelle Minos. "Toutes les émotions étaient dans les paroles, le charisme, l'attitude et la prestation du orero. C'est ce que j'ai démontré dans tout ce que j'ai fait. Les spectateurs m'ont dit que c'était le 1ère fois qu'ils écoutaient un orero. Au début du Heiva, le orero servait juste à parler, donner le ton aux danseuses et danseurs de se changer. Il parlait mais personne ne l'écoutait". 

L’art oratoire séduit et en 2004, il s’invite dans les écoles élémentaires.
Pari gagné pour Minos et tous ceux qui travaillent dans l’ombre pour que nos langues perdurent.