Permis de construire au compte-gouttes : les raisons de la lenteur

Un chantier de 17 villas individuelles à Punaauia qui a nécessité 14 mois d’attente avant d’obtenir son permis de construire et ses autorisations en tous genres. En cause : la complication des démarches administratives et des procédures juridiques à répétition. "Un enchevêtrement de réglements, une superposition de normes, et au niveau du service de l'urbanisme toutes ces nouvelles normes et ces complications font qu'il y a des difficultés à pouvoir donner des permis rapidement", explique Noël Coiat, promoteur et maître d'ouvrage. "Les permis sont plus attaqués, sont plus complexes à instruire, ce qui amène l'ordre des architectes à faire le constat que la Direction de la construction et de l'aménagement doit être renforcée avec de vrais moyens pour faire face à cette hausse du nombre de dossiers", remarque Nicolas Gourdon, président de l'ordre des architectes.

Le bureau d’études Haaviti spécialisé dans les prestations environnementales reçoit une quarantaine de projets de permis de construire par an. Mais les lenteurs administratives freinent voire même, font abandonner certains dossiers. Le manque de communication est alors ressenti comme du mépris. "L'instruction administrative est très longue, l'administration est très peu joignable, c'est-à-dire qu'on demande des rendez-vous et on n'a pas de réponse...On a remonté nos doléances auprès des ministères les uns après les autres, auprès des directions, sans jamais être entendu ni rencontré", déplore Thomas Chevrier, directeur du bureau d'études. 

La direction de la construction et de l’aménagement, guichet unique, amené à solliciter jusqu’à 13 services pour chaque permis de construire, enregistrait l’an dernier 1 800 demandes pour la zone de Papeete comprise entre Papenoo et Papara, sur les 3 000 annuelles. Le service annonce des délais d’instruction allant de 17 à 265 jours liés à des problème de dossiers mal ficelés et de moyens. "Le fait que nous n'ayons que 11 agents qui instruisent ces délais entraîne un manque de réactivité dans l'instruction de ces délais", constate Timeri Sommers, directrice de la Direction de la construction et de l'aménagement.

Les opérateurs du privé réclament plus de concertations avec les pouvoirs publics, et la DCA plus de moyens. Le Pays compte lui sur la numérisation des services, attendue pour la fin 2025, pour améliorer les délais...