5...4...3... 2..1... C'est en cœur que les spectateurs de la finale des épreuves de surf des JO 2024 font le décompte. Le spot de Teahupoo est en feu. Kauli Vaast est champion olympique. Une victoire historique, et la première médaille d'or pour la France dans cette discipline inscrite aux Jeux Olympiques depuis 2016 seulement.
Une finale expéditive pour l'enfant de Vairao. Kauli Vaast n'a fait qu'une bouchée du numéro 3 mondial, Jack Robinson. Le jeune surfeur de 22 ans ouvre les hostilités et score la meilleure vague de la journée. Un tube sublime notée 9.50. Il est ovationné à la sortie comme une star.
Kauli est transcendé par le public venu nombreux le soutenir, il est lancé dans sa finale, plus rien ne semble l'arrêter. Mais l'Australien ne se laisse pas faire, il enchaîne avec un tube mais malheureusement pour lui : il est moins bien, il est moins beau, il est moins spectaculaire que celui de Kauli Vaast. Le ton est donné. Kauli Vaast est le patron de Teahupoo. L'émotion est palpable sur le spot.
À quelques mètres de son poulain, le manager de la Team France tente de contenir ses émotions sur le plan d'eau. Kauli Vaast connaît et lit parfaitement la vague de Teahupoo. Alors même si la tension est intense pour cette finale, il patiente et attend une autre vague.
Jack Robinson, vainqueur de la Tahiti Pro 2023, lui aussi attend une vague qui ne viendra jamais. L'océan, ce lundi, est clairement en faveur du Tahitien. Sa victoire est sans conteste. Kauli Vaast est le grand vainqueur de cette finale. Des cris de joie, des larmes de bonheur, Teahupoo est en folie. Même le président du Pays, Moetai Brotherson, est présent sur le plan d'eau et vient féliciter le premier médaillé d'or français en surf ! Un moment historique pour la France, un moment historique pour la Polynésie.
"J'arrive pas à réaliser pour l'instant, je savais qu'aujourd'hui c'était compliqué, j'avais une demie, j'ai réussi à la gagner, c'était chaud j'avais pas beaucoup de vagues (...) Je suis retourné à la maison, chez la famille, pour repartir pour la finale (...) Il y a deux, trois ans, je suis passé proche du CT, j'ai retenu mes erreurs. J'ai été plus patient, plus smart, plus concentré, plus ready que jamais. Je suis passé, j'ai eu les deux premières vagues, et après l'océan n'a plus donné de vagues"
Kauli Vaast
Et oui, parce que Kauli Vaast a d'abord remporté sa demie avant de s'envoler pour la finale. Une demie gérée par le champion malgré les difficultés et des conditions compliquées. La houle attendue n'était pas au rendez-vous ce lundi matin. Pourtant, le jeune surfeur a réussi à sortir l'autre outsider de ces Jeux Olympiques, Alonso Correa. Kauli Vaast a enchaîné les manœuvres, engrangé les points alors que le Péruvien a préféré attendre le tube.
La série est disputée mais Kauli Vaast est le plus fort aujourd'hui, sa détermination paie... On connaît la suite. Autre moment magique de cette journée mythique pour la France, une journée où les athlètes ultramarins font briller le drapeau tricolore. Johanne Defay est la deuxième médaillée française de ces Jeux Olympiques de surf.
La Réunionnaise remporte la médaille de bronze après une petite finale contre la Costaricaine Brisa Hennessy, une finale qu'elle domine du début à la fin. Johanne Defay était passée à côté des derniers JO à Tokyo, pas question donc cette fois-ci que la médaille lui échappe. Elle enchaîne les vagues à manœuvres, déroule son talent. Ses turns sont puissants, la Française est dans sa petite finale.
Brisa Hennessy prend très peu de vagues, pourtant elle a besoin d'une excellente note pour prendre le dessus. L'expérience de la compétition joue dans cette série. Johanne Defay a dix ans de CT derrière elle, et surtout beaucoup de courage. Pour y arriver, elle a dû faire du crowfunding et travailler l'été dans un snack. Elle rejoint l'élite en 2014 et ne l'a plus jamais quittée. Cette détermination et cette expérience ont payé, ce lundi.
“On s'est donné tellement de moyens, on a fait des sacrifices, c’est tout ce qu’on souhaite après tant d’efforts. Le surf est nouveau dans les Jeux, de voir l’ambiance autour du sport, plein de joie, à Paris aussi on le voit et si on peut faire vivre ça, c’est chouette. (...) Simon [ndlr son compagnon et coach] m’appelle souvent le Diesel, il me faut du temps pour prendre mes marques.”
Johanne Defay
Johanne Defay remporte la médaille de bronze. Sur le line-up, elle fond en larmes dans les bras de son compagnon et coach. Cette victoire est une consécration pour la trentenaire surtout après une demi-finale frustrante. La Réunionnaise a fini ex aequo avec son adversaire, l'Américaine Caroline Marcks. La meilleure vague notée est la seule qui donc au final compte, Johanne Defay n'accède pas à la finale. Mais, elle se rattrapera avec sa médaille de bronze.
Il n'y a pas que des Français qui ont brillé aujourd'hui sur Teahupoo. L'Américain Caroline Marcks est sacrée championne olympique. La numéro 1 en titre remporte la finale contre l'excellente Brésilienne Tatiana Weston-Webb. Une Brésilienne qui a réussi à gagner sa demi-finale face à la Costaricaine, Brisa Hennessy.
Une victoire due en majeure partie à une interférence, la première de ces Jeux Olympiques. Brisa Hennessy, qui revient de loin après un cancer au cerveau, ne sera notée désormais que sur une seule vague. La partie est perdue d'avance. Autre demi-finale, mais cette fois, chez les hommes : Gabriel Medina versus Jack Robinson.
Le Brésilien se voyait déjà en finale, mais il butte face à un Australien déterminé. Les conditions sont difficiles, les vagues trop rares. Gabriel Medina ne prend qu'une vague dans cette série, elle ne lui suffira à atteindre la finale. Il se retrouve donc en petite finale contre le Péruvien. Le prodige du surf a une revanche à prendre, il ne veut pas se retrouver au pied du podium comme aux JO de Tokyo.
Les deux surfeurs ont des niveaux différents mais les JO remettent tout le monde sur le même pied d'égalité. Ils fournissent de beaux échanges, la série est très serrée. Mais le Brésilien reste le meilleur, il score avec des manœuvres et des airs. Il finit par décrocher le bronze, il tient sa revanche même s'il aurait aimé avoir l'or. Mais l'or était, ce lundi, pour Kauli Vaast.