Les agences maritimes du fenua s’accordent à le dire : le Pays, tout seul, n’est pas équipé pour entrer dans l’arène du transport maritime international. Au sens propre comme au sens figuré.
Outre le coût exorbitant des navires adaptés au transport de conteneurs, il faudra également les accorder avec la taille du marché. Mais l’isolement géographique et l’exportation quasi-inexistante entre autres annulent la possibilité d’un partenariat avec les autres pays du Pacifique. La réalité du marché est bien plus compliquée. "Nous importons toutes les marchandises, nous avons très peu d'autonomie alimentaire, par contre nous avons quasiment zéro export. Donc pour les armements qui font escale en Polynésie, on peut s'interroger sur le taux de fret, mais le taux de fret appliqué par les armateurs inclut le repositionnement des conteneurs évidemment vides. Donc ils sont obligés de payer en totalité le fret alors qu'il n'y a pas de marchandises pour compenser à l'export", explique Mareva Siu, présidente du syndicat des agences maritimes.
Autre préalable, avoir un réseau de partenaires solides dans le milieu qui assureraient le reste du parcours des conteneurs, venant d’Asie ou d’Australie, le tronçon Polynésie/Nouvelle-Zélande n’est qu’un petit maillon de la chaîne. "La Polynésie veut faire un shuttle entre Auckland et Papeete. Mais d'Auckland à Papeete, ce n'est qu'une infime partie du transport d'un conteneur. On a effectivement des conteneurs qui viennent directement dde Nouvelle-Zélande mais pas en quantité extraordinaire. Ce qui provient le plus d'Auckland ce sont les conteneurs en transbordement qui viennent d'Asie, de Chine et et un peu d'Australie", détaille Mareva Siu.
Quelle efficacité ?
Du côté des importateurs, on s’interroge sur le comment et surtout sur la rentabilité économique de ce projet. Est-ce que tout cela ne provoquera pas finalement l’effet inverse ? "Est-ce que c'est pour faire baisser les coûts, est-ce que c'est pour faire venir plus de marchandises ? Pour nos sociétés, la Nouvelle-Zélande représente 8% de l'importation...Si c'est pour nous restreindre et nous obliger à passer par cette compagnie qui ne va pas forcément être plus efficace que d'autres compagnies qui ont plusieurs navires et conteneurs à disposition, est-ce que le fonctionnement qu'ils envisagent va être efficace pour les importations ?", se demande Nancy Wane, directrice générale du groupe Wane.
Autre difficulté relevée, le recrutement et la formation des moyens humains à mobiliser sur ces navires.