17 h, c'est le branle bas de combat au hangar de l'association Te Torea. Malia Soane et son équipe préparent la maraude de nuit. " Là, à chaque tournée, on prépare du café juste pour aller à leur rencontre. Ce soir, on a pris que deux thermos. Mais avec le temps, un café sera le bienvenu" explique Malia Soane, la main appuyée sur la table qui a servi à préparer les repas pour la maraude.
Tout est ok. C'est parti pour 6 h dans les rues de Papeete, à la rencontre des personnes sans domicile fixe. La ronde habituelle maintenant pour Malia Soane. "Le mercredi on va jusqu'à 23 h et vendredi jusqu'à minuit." explique-t-elle au volant de la voiture."Nous sommes toujours bien accueillis. En vrai, je pense qu'un lien s'est formé avec eux. Il peut arriver qu'ils soient un peu aggressifs. Mais pour moi, ce n'est pas de l'agressivité. Ils ne refusent pas notre aide. C'est vraiment des comportements de rue qu'ils ont adopté. Et au fur et à mesure qu'ils nous voient, qu'ils voient l'équipe assurer une présence auprès d'eux, ils ont fini par nous accepter."
Ce petit bout de femme venue d'ailleurs a su se faire respecter dans la rue, pas par la force, ni l'intimidation, mais par sa simplicité et son humilité. Malia Soane est devenue en six ans un élément essentiel de l'association "Te Torea" qui œuvre pour la réinsertion sociale et professionnelle des sans abris en Polynésie.
"Elle sait parler aux gens, et notamment aux SDF. Pour parler à ce public, il faut savoir parler et il faut aussi savoir les respecter. Donc aujourd'hui, Malia a ce respect là. Avec ce public." analyse Denis Hoata, membre de l'association Te Torea.
La jeune femme originaire de Falaleu à Wallis, est installée en Polynésie depuis 2005. Mariée, maman d'une petite fille de neuf ans, elle partage aujourd'hui ses journées avec ce public dans le besoin. Six jours sur sept. Du travail de terrain de bureau. Plus qu'un métier, c'est une vocation pour elle. Malia suit une centaine de personnes, comme Tino, un SDF de Papeete.
"Je lui parle tous les jours. Même quand je suis malade, je l'appelle et je lui demande de faire venir un médecin, et elle le fait" explique Tino "Malia, elle est trop gentille.Trop gentille"
Un accompagnement personnalisé selon les profils. Une mission qui lui tient à cœur. Et pour ça, elle a même appris le Reo Maohi.
C'est à force de les côtoyer au quotidien. Du coup que j'ai appris à déjà comprendre les mots en Tahitien. C'est par la suite en fait que j'ai pu le parler. C'est avec eux que j'ai appris la langue. Donc c'est une manière aussi de les respecter puisque je suis chez eux
Malia SoanePolynésiela1ère
Aujourd'hui, on dénombre 700 sans domicile fixe dans la ville de Papeete. Malia Soane aujourd'hui ne se voit pas faire autre chose. Son objectif: sortir le plus de personnes possible de la rue avec un rêve: celui de retourner un jour à Uvea Mamao, et de se joindre au combat des victimes de violences.