PORTRAIT. Puachoux, des quartiers démunis au phénomène musical

"Avant, j'étais un voyou. Je volais tout le monde" confie Puachoux.
"Kololo", c'est lui. "Mon Dieu" aussi avec Jimmy Teriihoania. Bref, des titres dans tous les répertoires des jeunes d'aujourd'hui...mais Puachoux c'est aussi un vrai personnage, au passé compliqué, sauvé par la foi, l'amour et la musique. De passage dans l'émission Génération Vibes de DJ Will le 14 février, on en a profité pour mieux le connaître. Rencontre.

Il s'exprime avec un naturel déconcertant... Casquette sur la tête, des tatouages tracés de travers, Puachoux derrière son petit air de caïd se moque bien que ce que l'on peut penser de lui. "Soyez heureux dans votre vie" dit-il à tous ceux qui le critiquent. Jason Pere, de son vrai nom, n'est pas du genre à mâcher ses mots et tend parfois vers la vulgarité. Une façade pour incarner le DJ, ou le signe d'un passé douloureux ? Quoi qu'il en soit il impose son style, loin des codes et des usages. 

Puachoux dans Génération Vibes le 14 février 2024.

Rejeter le négatif

Mais lorsqu'on creuse un peu plus, on découvre l'homme au passé très modeste. Cigarette aux lèvres, il se livre...sur ses musiques d'abord avec "Kololo", populaire chez les amateurs de deck mais critiquée par d'autres -et surtout les parents- pour ses paroles peu orthodoxes évoquant entre autres, le sexe masculin. "C'était juste comme ça, je n'avais pas prévu que ça allait marcher. C'est vrai que maintenant, il faut que je fasse plus attention à ce que je dis" admet-il.

Conscient de l'influence qu'il a gagné, malgré lui, Puachoux veut désormais mieux faire les choses, sans toutefois mettre de côté son franc-parler. Il affiche un style plus épuré dans "Mon Dieu" qu'il co-signe avec Jimmy Teriihoania. "J'ai fait l'instrumental, il a fait les paroles." Un son qui fait également un carton et dans lequel Jason se reconnaît.

"Seigneur mon Dieu, à chaque fois tu es là. Dans mes moments de doutes tu es là" dit la musique. "C'est la foi qui m'a remis sur les rails" dit Puachoux. Sans oublier la femme avec qui il partage sa vie depuis six ans. Elle est aussi sa muse...avec sa grand-mère. "La chanson que j'ai écrit pour ma mamie, c'est celle qui me fait chialer", dévoile Jason. 

Lorsqu'on creuse un peu plus, on découvre l'homme au passé...modeste. (14 février 2024)

Le jeune homme de 28 ans vit une relation compliquée avec ses parents. Il est élevé par ses grand-parents et grandit à Tipaerui, dans un environnement "pauvre" tel qu'il le décrit. "J'étais un voyou. Je volais tout le monde" lâche-t-il. 

Curriculum vitae 

La musique lui permet, comme beaucoup, de s'évader. À la messe, les chants sont une révélation. En 2010, il compose alors sa première chanson. Il a 14 ans. À l'époque, on le surnomme Puatoro, surnom qu'il a d'ailleurs tatoué sur son avant-bras gauche. Jason quitte l'école en seconde. Initié très jeune à la fabrication du coprah aux Tuamotu, il enchaînera les petits boulots à Tahiti. D'abord en formation au CFPA, il devient soudeur, serveur, ouvrier de chantier, bûcheron, livreur puis producteur dans une usine de fabrication de sirop...en 2020 il quitte Tahiti pour Fakahina où il décroche un poste d'agent communal et compose en même temps son titre avec Jimmy.  

Ça, c'est quand il veut "faire genre".

De retour à Tahiti, il se produit fréquemment sur scène, appelés à mixer aux événements, dans les boîtes de nuit ou chez des particuliers. Par ailleurs, sa prochaine tournée initialement prévue en mars en Nouvelle-Calédonie a été reportée. Outre Jimmy, Puachoux a collaboré avec DJ Dzer et travaille main dans la main avec DJ Vista, Volcom Nox, El Sueño et d'autres. Il vit désormais uniquement de cette activité, qui lui rapporte suffisamment pour le moment.

Depuis qu'il connaît la valeur du travail, il dit regretter avoir volé...de temps en temps, son passé le rattrape. Il y a quelques mois, il s'est fait arrêté, à tort, sur les quais de Motu Uta pour une affaire de séquestration. En fait, il avait la même voiture que le vrai malfaiteur, raconte-t-il. Il a été rapidement relâché mais le prend comme une leçon. "C'est le karma pour me rappeler tout ce que j'ai fait de mal" témoigne-t-il.

Il paraît qu'il faut échouer pour réussir...Jason est plutôt sur la bonne voie. Son plus grand rêve n'est pas de faire les grands festivals, ni de devenir le meilleur DJ mais tout simplement : "me réveiller un jour dans ma propre maison."