Comme chaque dimanche, Teremu et son père commencent par installer le stand. Il n'est pas encore 7 heures mais le soleil est déjà bien levé. Le porc est encore chaud à l'intérieur des plats en inox. Il y en a trois sortes : le classique, le "croustillant" et en saucisses.
Le père s'occupe de la marinade et la cuisson. À 57 ans, il maîtrise à merveille la préparation de ce mets, qu’il se garde bien de dévoiler... "J’étais emballé, ça nous donnait une activité et un complément au niveau des finances. Comme à l’époque il ne travaillait pas, il fallait essayer de faire quelque chose pour tenir le mois" raconte Gilles Moux. Son fils Teremu était alors en recherche d'emploi quand son frère lui a soumis l'idée, il y a deux ans. "Depuis que j’ai commencé je n’ai pas arrêté et je fais ça tous les week-ends, c’est un vrai plaisir !" lance le jeune homme de 28 ans.
Ce qui était presque un pari au début s'est rapidement transformé en activité durable et en véritable passion, transmise de père en fils. C'est aussi devenu un moment de complicité partagée en famille mais aussi avec leurs fidèles clients. La recette secrète attire chaque dimanche une cinquantaine de riverains. "On a goûté d’autres pua’a roti et depuis qu'on connaît celui là, ça fait deux ans qu’on vient ici" indique Joseph. "Chez les autres, c’est bon aussi mais trop huileux. Par contre là, c’est juste ce qu'il faut" estime à son tour Joséphine.
Ça prend du temps, c’est un peu dur mais quand on le veut vraiment, on y arrive.
Teremu Lai
Les clients félicitent l'initiative du jeune homme. "C’est bien que les jeunes fassent ce travail. Même moi aussi pour mon garçon… Il est diplômé mais simplement il n’y a pas de travail. Maintenant il faut le faire !" encourage Franck.
Depuis, Teremu a trouvé un emploi dans un hôtel de Punaauia. Mais il n'a pas abandonné son stand de pua'a roti, même s'il doit jongler entre les deux. "Ici, je suis engagé en tant que guide touristique. J’ai des missions annexes mais ma mission principale consiste entre l’organisation et la réservation" indique-t-il. "Ça prend du temps, c’est un peu dur mais quand on le veut vraiment, on y arrive" considère Teremu.
Son sourire ne le quitte jamais... Et ce qui le motive davantage, c’est sa petite fille de 7 mois à qui il espère, avec sa compagne, offrir un bel avenir.