"Je n'ai pas remarqué de baisse au niveau des prix. Je trouve même que ça a augmenté. Avant je regardais moins, maintenant je compare", lâche une dame. "C'est toujours aussi cher, même avec 5 000 cfp, il y atrès peu dans ton caddie. S'ils disent qu'il y a des promotions, mais ça ne change rien. Toujours aussi cher", se plaint une autre cliente.
Les prix de l’alimentaire ont augmenté de 18% en quatre ans. Les courses sont toujours plus chères, pourtant le coût du fret qui avait explosé pendant la pandémie est revenu à la normale. Maeva Siu, la présidente du syndicat des agences maritimes, a une explication, car tout dépend de la provenance du produit. "L'Asie va représenter 38%, l'Europe 38% aussi, kif kif, mais le prix est différent parce qu'il y a aussi une histoire de concourrence. Plus il y a de concurrence, plus les prix baissent, c'est normal", explique la cheffe d'entreprise.
Trop de taxes
Dans ce contexte, comment faire baisser les prix ? Dans la grande distribution, c’est une situation inextricable constate Nancy Wane, porte-parole du groupe Wane : "on subit une inflation mondiale de la production, l'origine des matières premières avec la guerre, le coût de la main d'oeuvre qui a augmenté partout dans le monde, et la hausse des frais de production. Ensuite ici il va y avoir la taxation, et dans la taxation en Polynésie il y a plusieurs couches : la TDL qui protège certaines industries locales, les taxes à l'importation standard qui vont varier de produit à produit, parce qu'il y a aussi des pertes derrière, et il faut qu'on navigue avec ça pour gérer au mieux une entreprise".
Lors d’un entretien sur l’inflation et le transport maritime en Asie et dans le Pacifique,
l’économiste française Sarah Guillou avançait l’idée de taxer les profits sur le long terme de ces sociétés.
Une taxe qui pourrait financer un fonds, pour rendre les transports plus propres, par exemple. Une idée écartée d’un revers de main par Maeva Siu. "Le transport maritime c'est dur, des fois elles gagnent un paquet de pognon, mais souvent pendant des années, elles vont perdre ou gagner très peu. Du coup, elles s'absorbent les unes les autres. Et c'est très difficile pour d'autres sociétés de venir, à cause de la concurrence elles n'ont pas bougé", constate-t-elle.
Le porte-conteneurs ? un goufre
En début d’année, le président Moetai Brotherson a évoqué, par exemple, le projet de doter le fenua d’une société de porte-conteneurs en partie publique, entre Tahiti et la Nouvelle-Zélande, et ce pour garantir un coût fixe du transport.
Une idée tuée dans l’œuf dès le mois de février lors de la réunion du cluster maritime.
Irréalisable selon les professionnels, compte tenu du goufre financier que cela engendrerait.
Le reportage :