Prison Tatutu : l'évasion, le temps des Jeux Intervilles

Le genre d'épreuve qui demande de l'énergie et un mental d'acier.
Les Jeux intervilles sont une institution en Polynésie. Ils se déplacent de commune en commune, dans les îles, mais aussi en prison. Les détenus se sont affrontés en finale aujourd’hui. Un moment de distraction, mais aussi de cohésion dans cet établissement fermé.

2 ans que l’enceinte de Tatutu n’avait plus résonné d’activités, covid-19 oblige. Les Jeux Intervilles posent leurs toboggans et signent ainsi le retour des animations. Aujourd’hui en finale, les détenus apprécient la parenthèse et le moment de cohésion. « Ça nous fait du bien, tout le monde s’amuse, on est comme des enfants », se réjouit un détenu. « Quand tu es à l’extérieur, tu n’as pas vraiment un entourage de respect et d’humilité", assure un autre. "Ici, t’es cadré, le respect et l’humilité…Quand tu sortiras d’ici, il y aura un truc que tu auras bien retenu de la prison : le respect."   

Difficile d'avancer sur un "terrain" aussi glissant.

Les Jeux Intervilles circulent de commune en commune, mais pour la deuxième fois, s’installent au centre pénitentiaire. De la détente et du sport, avec Guy Trompette en chef de cérémonie, micro et chronomètre à la main. "Quand je vois ces gens derrière des barreaux, ça me fait mal au cœur. Mais quand ils sortent de leur chambre, ils se défoulent, ils nous amènent quelque chose de concret, de la force et de la joie pour faire ces Jeux Intervilles."   

Le respect par le sport

Ouvert depuis 2017, le centre pénitentiaire de Tatutu accueille les détenus en longue peine. Il fait aussi figure d’exemple dans le paysage carcéral français avec son module "respect" et la grande autonomie laissée aux prisonniers. « A travers ces évènements et même les sports collectifs qu’on organise, il y a une meilleure cohésion, une meilleure entente entre eux, beaucoup plus de respect", explique Kryss Vairaaroa, responsable du sport à Tatutu. "On voit même des stratégies qui se mettent en place entre les détenus, par coursives…donc on voit l’impact que ça peut avoir sur eux."

Difficile de se mouvoir avec des palmes hors de l'eau !

 

Pour le directeur du centre de détention, Vincent Vernet, "la mission de la prison, c’est uniquement de priver de liberté, d’aller et venir, la personne. Il n’y a aucune consigne de l’administration pénitentiaire disant qu’ils doivent être privés d’activités, de plaisirs…ça fait partie des plaisirs de la vie de faire des jeux." 

Pour cette 2e édition à Tatutu, une centaine de détenus en longue peine ont ainsi participé aux Jeux Intervilles.