Antoine, originaire de Rikitea aux Gambier, greffe depuis l’âge de 9 ans dans la ferme familiale. A 21 ans aujourd’hui, le jeune greffeur peut enfin vendre ses perles à un prix plus élevé. "Depuis un moment, on attend que ça remonte. On peut choisir de vendre ou de ne pas vendre. Avant, on n'avait pas le choix. On était obligé de vendre parce que les prix étaient bas. Depuis la fermeture des frontières, il n'y avait plus d'acheteurs", indique Antoine. "Certes les producteurs sont contents, parce que cela fait 10 ans qu'ils perdaient de l'argent, là ils arrivent à survivre. Mais on parle bien de survivance et non pas d'existence réelle", tient à préciser Aline Baldassari-Bernard, présidente de la Tahitian Pearl Association of French Polynesia.
Le cours de la perle à plus de 2000 cfp le gramme des années 80 et 90 ne sera plus jamais atteint estime Aline Baldassari-Bernard.
800 cfp/gramme
En 2000, son cours était divisé par 4 et il n’a cessé de décroître jusqu’en 2021. Aujourd’hui, la perle noire se refait une santé avec un gramme à 800 cfp, un prix multiplié par 2. Ce qui n’était pas arrivé depuis 15 ans. "Aujourd'hui, la demande est plus forte que l'offre. C'est le rattrapage de l'après-covid. Les acheteurs ne pouvaient plus venir, et surtout aujourd'hui moins de production due bien sûr au covid et au fait que les greffeurs chinois, plus que majoritaires en Polynésie, ne pouvaient plus venir. Leur pays leur interdisait de sortir, et le nôtre leur interdisait de rentrer. Autre élément important, il n'y a plus de nacres. C'est climatique, je suppose. Evidemment, plus de nacres, plus de greffeurs, c'est la baisse de production énorme, et une demande montante de tous les marchés qui réveillent après le covid", précise la présidente de la Tahitian Pearl Association of French Polynesia.
Tentées par la hausse des cours, de nouvelles fermes perlières pourraient s’ouvrir et la surproduction fera baisser les cours actuels. Mais un danger plus éminent guette la perle noire de Tahiti traditionnellement vendue sur les marchés asiatiques (chinois et japonais), américains et européens. Il s’agit d’acheteurs asiatiques d’un nouveau genre. Face au cours du diamant qui s’est envolé à cause d’une baisse de production, ces hommes d’affaires s’arrachent des lots de perles beaucoup moins chères. Et en stockant de grandes quantités, les prix grimpent et leur remise sur le marché va faire dégringoler la valeur de la perle. Face à ces inconnues, la tenue du prochain conseil de la perliculture devient une urgence. Il regroupe les professionnels du secteur, le ministre de tutelle et les services du Pays.
En 2022, les recettes de la perle noire s'élevait à 6 milliards de francs.
Ecoutez le reportage de Titaua Doom :