Quand les médecines traditionnelle et conventionnelle s'unissent pour mieux soigner

Préparation de ra'au tahiti.
Ce week-end se tenait un séminaire sur la médecine intégrative, à Fare Hape, au cœur de la vallée de Papenoo. Réservé aux professionnels, elle vise à lier médecine traditionnelle et médecine conventionnelle.

A Fare Hape, on soigne avec du noni, du tiare ou encore du corossol…Ces médicaments traditionnels sont utilisés par les anciens depuis toujours, mais tombent parfois dans l’oubli. "J'ai réapppris en fait pourquoi on utilisait tel médicament, pour tel bébé. Ca me rappelle des souvenirs, mais je n'avais plus les mots, je ne savais plus pour quoi c'était", lance Vahine, une participante. "La veille, j'étais à l'hôpital carrément, en pneumologie avec [le docteur] Eric Parrat pour faire des tests. Et je prends ça, en fait c'est quand on est redescendu qu'ils ont vu la différence dans la voiture, j'étais derrière, joyeux, ça m'a fait un effet impressionnant", relate tout sourire Stéphane, un autre participant.

Transmission des savoirs

Durant ce séminaire réservé aux professionnels de santé, 11 tradipraticiens se retrouvent autour de la maternité, de l’obésité ou encore de la médecine complémentaire. L’objectif est partager les savoirs pour mieux soigner. "Il faut montrer notre culture, et puis les ra'au viennent de nos tupuna, de nos ancêtres. Ils les ont transmis à nos parents, puis à nous. Ensuite, c'est tombé dans l'oubli. Maintenant, il faut se lever et retourner aux sources", explique Turia Clark, tradipraticienne.

Professionnels de santé et tradipraticiens en grande discussion.

Car la médecine intégrative chemine en Polynésie, depuis le premier séminaire de ce genre organisé il y a 6 ans. Avec l’association Haururu, professionnels de santé et tradi-praticiens travaillent désormais main dans la main. "On ne peut pas se passer de la culture pour soigner les gens, je suis ici depuis 7 ans et je me suis rendu compte qu'il y avait un grand fossé culturel entre la culture occidentale et la culture tahitienne, polynésienne en général. On a vraiment besoin de cette base-là pour comprendre en fait les gens", remarque le Dr Cédric Gueguen, médecin généraliste et hypnothérapeute.

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"Au cours des 6 dernières années, plusieurs secteurs médicaux se sont emparés de ce projet et l'ont, je dirais, sublimé. A commencer par le secteur de la vie, nos sage-femme à l'hôpital ont développé tout un savoir-faire avec les tradipraticiens", précise le Dr Eric Parrat, président de l'assocaition Onohea et pneumologue.

Une centaine de participants ont partagé leurs savoirs autour de la santé tout au long de ce week-end, pour laisser plus de place à une médecine intégrative, basée sur la culture et la sécurité.

Le reportage de Lucile Guichet :

©polynesie