Quelle structure d'accueil adaptée pour les jeunes délinquants ?

La prison de Nuutania est-elle adaptée pour des jeunes qui ont commis des infractions ?
Retour sur l'affaire de l'adolescent de 15 ans qui s'est suicidé le 2 novembre dans sa cellule à Nuutania quelques heures après y avoir été incarcéré. Le 10 octobre, ce jeune élève du LEP de Faa'a avait poignardé un collégien de Henri Hiro. Ce drame met en évidence le manque de structure d'accueil pour les jeunes délinquants. Sur le territoire, aucune structure ne peut les accueillir en psychiatrie.

Le 10 octobre, l’élève du LEP de Faa'a plantait un couteau dans l’omoplate d’un collégien de Henri Hiro,

Un mois après les faits, cette agression au couteau choque encore Te’arenui, Here’arii et Hiva, tous les 3 collégiens à Faa'a. "Ca m'a fait mal", dit l'un, "ça fait bizarre de voit des jeunes poignarder des petits garçons", ajoute un autre.

22 jours plus tard, l’agresseur de 15 ans se suicide dans sa cellule à Nuutania. Après avoir été interné une semaine à l’hôpital psychiatrique, l’agresseur s’est suicidé 22 jours après les faits, il venait à peine d’intégrer sa cellule à Nuutania quand il est passé à l’acte. Un scandale dénonce la psychiatre Angela Rousseva. "L'incarcération est toujours un échec de la prévention, et du système éducatif et thérapeutique. Il a agressé quelqu'un donc il était probablement potentiellement dangereux, mais pourquoi il était dangereux et qu'est-ce qu'on aurait pu proposer et en termes de soins et de prise en charge alternative dont on ne disposait pas ? Par exemple en Polynésie, on n'a pas d'unité pour malade difficile, d'unité fermée suffisamment confortable pour pouvoir proposer des soins de qualité sans être dans une cellule, et puis l'accès à l'activité physique et aussi à la lumière du jour", explique Angela Rousseva.

Ce mercredi, l’association Sos suicide est invitée par la direction du LEP de Faa'a à rencontrer les camarades du jeune agresseur qui a mis fin à ses jours.

Ecoutez le reportage de Titaua Doom :

Annie Tuheiava, présidente de l’association, est impatiente d’échanger avec eux. "On parle de la prévention, et on leur apprend à reconnaître la personne qui va mettre fin à sa vie. Et quelles sont les techniques à leur niveau et comment faire ? Notre premier souci est de gagner leur confiance, on est deux grand-mères et on se met à leur niveau, les mots qu'ils utilisent. Donc on se met à la page nous aussi. Dès qu'ils accrochent, les langues se délient, et quand les profs sont là, c'est rare qu'ils parlent. Mais quand on est tout seul, et surtout je maîtrise le tahitien, là ils sont à l'aise, ils parlent. Parce qu'il y a la timidité aussi, certains ont honte de parler surtout les filles, ils écrivent un mot et nous on les appelle au téléphone...Souvent ce sont des agressions sexuelles. C'est anonyme, on appelle et puis on les suit", détaille Annie Tuheiava.

Selon une source anonyme, à l’hôpital psychiatrique le personnel serait insuffisant et en burn out, les spécialistes quitteraient la structure les uns après les autres, pas de lieu dédié pour accueillir les jeunes délinquants en souffrance. Sollicité, le ministre de la Santé n’a pas souhaité répondre à nos questions. 

Chaque année en Polynésie, 30 personnes se donnent la mort et selon les psychiatres, la pendaison est le mode le plus courant chez les adolescents.