Rahui à Mataiea : les braconniers pointés par les pêcheurs et la commune

Rares sont ceux qui respectent le rahui, comme Clark et Tetuhau. Comment peuvent-ils contrôler une zone aussi vaste ?
Proposer un autre moyen de subsistance aux pêcheurs qui vivent exclusivement de la pêche tel que l’élevage de rori ou la culture d’algues. C’est la volonté de plusieurs communes de Polynésie, réunies pour un séminaire. Elles ont décidé de créer une fédération du comité du rahui : "Maraemoa". Car les rahui ne sont pas respectés par tous les pêcheurs, et il est difficile d’interpeller les contrevenants.

A Mataiea, le second rahui interdit la pêche aux alentours de l’une des 3 passes de la commune. Le premier avait été une réussite. Les pêcheurs avaient attrapé des poissons de taille conséquente.

Mais des braconniers enfreignent régulièrement l’interdit. Ils échappent pour la plupart à la vigilance de la population pourtant mobilisée, principalement constituée de pêcheurs. "S'ils mettent un rahui, il faut mettre quelq'un pour le surveiller tout le temps. On surveille mais on n'a pas tout le temps l'oeil, on n'a pas aussi les moyens pour aller voir. Y aller en kayak ? On ne peut pas", déplore Clark Mihiraa, pêcheur lagonaire. "On va loin pour aller pêcher, d'autres vont juste en face pour pêcher. Quand on revient de notre pêche et qu'on voit les autres pêcher juste en face, c'est un choc. On aimerait faire pareil", remarque Tutehau Taiarui, pêcheur lagonaire.

Comment contrôler une zone aussi vaste surtout la nuit quand les braconniers sortent ?

Impossible de faire mieux compte tenu des effectifs. Une patrouille de police inspecte les lieux une fois toutes les 2 semaines, 1 heure dans la matinée. Alors que la plupart des contrevenants viennent la nuit. "De nuit c'est compliqué d'intervenir, la plupart du temps c'est plutôt en journée, fin de matinée. [vous attrapez des gens ?] Le temps qu'on mette le jet-ski à l'eau, ils ont le temps de partir", regrette Jean-Marie Hahe, policier municipal de Mataiea.

Des alternatives en attendant

Désormais réunies en fédération, plusieurs municipalités tentent de proposer une alternative aux petits pêcheurs. "Demain, la fédération veut plancher sur les alternatives. Comment ? Demain on peut dire à un pêcheur "voilà on va se mettre sur le projet rori par exemple, et c'est toi qui va venir dans ce projet, comme ça tu auras un petit revenu". Grâce à ça, on va moins braconner ou pêcher", estime Clément Vergnhes, 9e adjoint au maire de Mataiea.

Si le temps du rahui, les pêcheurs ont peu de poissons, les communes songent à leur proposer d'autres activités comme le rori ou la culture d'algues.

Un projet qui attend des financements. En attendant, les autorités rappellent qu’enfreindre un rahui est passible d’une amende de 179 000 cfp, de la saisie des prises, du matériel de pêche et de l’embarcation.