Rapatriement des corps des défunts des Tuamotu: la trés chère galère des familles

L'attachement à la terre pour le dernier voyage reste symptomatique de la situation polynésienne.
Par avion ou par bateau, impossible pour les familles des Tuamotu de faire le deuil de leur proche tant qu'elles n'ont pas organisé dans les moindres détails le rapatriement de la dépouille, dans les îles. C'est là que tout se complique: sommes faramineuses, arrivée aléatoire de cette "cargaison" un peu spéciale, mauvaises surprises de dernière minute. Nous avons enquêté.

« Moi mon souhait c’est de ramener maman dans les îles en fait, d’où elle vient. Elle vient de Fangatau et moi j’aimerais bien qu’on la ramène chez elle en fait.» Ludivine Tapi a perdu sa mère la semaine dernière. Depuis, elle se renseigne à droite et à gauche pour savoir comment rapatrier sa dépouille aux Tuamotu. La solution la plus rapide serait par avion.

La réglementation impose qu’on inhume une personne dans un délai de six jours.

Les prix peuvent grimper jusqu'à 2 millions de FCP

« Au début on nous avait proposé le vol commercial qui était bien. J’ai trouvé que c’était une bonne idée. Parce que c’était cher mais ça va. C’était assez supportable. Parce qu'on nous avait proposé quelque chose comme 489.000 FCP pour ramener maman. On m'a dit dans un premier temps qu'il n'y avait pas de souci. » Problème, Ludivine est rappelée le lendemain pour lui signifier que l'opération est finalement impossible. « Et la seule solution, c’est d’affréter un vol. Mais le vol avec tout ça, tout calculé, ça nous revient à 2 millions de FCP. », conclut-elle, désabusée.

Le bateau reste la solution de rapatriement des corps la moins chère, mais parfois aléatoire

La réglementation impose qu’on inhume une personne dans un délai de six jours. Mais il y a des dérogations.

Poussy Timau, thanatopractrice

L’alternative la plus économique serait le rapatriement par bateau. Mais tout dépend du calendrier de rotation des goélettes. Et pour Fangatau, Ludivine attendrait jusqu’au mois d’avril. Poussy Timau, thanatopractrice, précise qu'en l'état, « la réglementation impose qu’on inhume une personne dans un délai de six jours. Mais après,on demande une dérogation auprès du haut commissariat pour pouvoir déroger ces délais, pour un motif bien particulier: l’attente du bateau, l’attente de la disponibilité d’un avion. »

Le dernier voyage reste aventureux

Si le bateau reste la solution la moins chère, pour 150.000 FCP, les conditions de voyage font hésiter certaines familles. Surtout que la traversée peut prendre, dans le meilleur des cas, une à deux semaines. C'est Poerava Paari qui gère ces cargaisons si précieuses pour la SNT (NDLR: Société de Navigation des Tuamotu), armatrice du Maris Stella: « On les mets sur les ponts, bon on les cale bien pour éviter qu’ils y ait des chutes. Et est qu’ils sont réfrigérés ou pas ? Non ils sont pas du tout réfrigérés. Ils restent à l’extérieur. »

La CPS propose uniquement une aide pour les frais funéraires à hauteur de 150.000 francs

La caisse de prévoyance sociale propose uniquement une aide pour les frais funéraires à hauteur de 150.000 FCP. Le rapatriement du défunt dans les îles, lui, reste à la charge des familles.