Sans défiscalisation à 60% : pas d’Apetahi Express à 2,5 milliards, pas de nouvel ATR à 3 milliards pour Air Tahiti non plus et peut-être beaucoup moins de rénovation d’hôtels. Ceux qui ont entre les mains des projets à moins de 10 milliards xpf toute l’année craignent le pire : plusieurs entrepreneurs ont déjà menacé de tout annuler si la baisse du taux de défiscalisation locale était votée.
« Si un projet est rentable, il pourra supporter moins d'aides et avoir d'autres solutions par le financement bancaire ou les fonds propres. Mais si un investissement est plus difficile à rentabiliser, il faudra alors maintenir une aide conséquente » explique Camille Andrieux, directrice de "Inter Invest outre-mer".
Le bonheur des uns...
L’idée du gouvernement, qui aura une enveloppe de 6 milliards xpf pour la défiscalisation locale en 2024, est de pouvoir défiscaliser plus de petits projets en réduisant l’aide fiscale locale pour les plus gros investisseurs. Le secteur de la petite hôtellerie a le sourire.
« Ce que nous espérons aujourd'hui c'est beaucoup de projets par des locaux, avec des locaux pour des locaux et beaucoup plus de petits projets bien encadrés » souligne Mélinda Bodin, présidente "Association Tourisme authentique"
...fait le malheur des autres
Du côté des hôteliers on affirme que la défiscalisation est indispensable et que le choix politique de diminuer son taux envoie un mauvais message aux investisseurs qui ont besoin de se projeter. Autre crainte : que la baisse locale impacte l’aide nationale.
« Il y a beaucoup de questionnements, de reports et de gens qui se posent des questions sur des annulations. Cela a jeté un énorme froid dans la profession, qui vient se rajouter à d'autres choses. Ce n'est pas à moi de juger si elle [la réforme, ndlr] doit passer ou pas mais nous sommes très inquiets. Il faut voir les impacts que cela va avoir d'ici deux à trois ans » Thierry Buttaud, directeur général de "South Pacific Managment".
D’autres grandes enseignes du secteur rappellent que 40% des touristes en Polynésie sont des Américains qui veulent du tourisme de luxe. Si on ne tend plus la main aux gros investisseurs, cela veut dire qu’on change de vision politique. « Forcément, cela va avoir un risque de ralentissement des investissements locaux. Après, en fonction de la vision du Pays à long terme sur le développement du tourisme en Polynésie dans dix ans, dans vingt ans, cette réforme peut avoir sa place -mais à partir du moment où on a une logique et une transparence avec les entreprises locales », pointe Nancy Wane, directrice générale Groupe Wane.
Une chose est sûre, l’objectif de 600 000 touristes du gouvernement implique la construction de plus de deux fois le nombre de chambres actuel.