C'est au salon du tifaifai à l'assemblée que nous avons rencontré Luc Taata. Simple et jovial qui a fait le trajet depuis Taravao pour vendre ses tifaifai. Une belle création réalisée entièrement à la main, explique le septuagénaire : « Imprimer, puis couper les tissus imprimés, puis rassembler. C'est moi qui peins tous à la main. À la maison, j'ai une machine de sérigraphie achetée aux Marquises. C'est un tout petit truc que tu racles avec la peinture et voilà. Tout ça, c'est fait à la main. »
Ses prix varient en fonction du travail consacré : « tout dépend, précise-t-il. Un couvre-lit je le vends à 30 000 Fcfp. Il y en a aussi à 25 000 Fcfp. »
Voilà 24 ans que Luc se passionne pour la couture. Un milieu qu’il ne connaissait pas… Originaire de Nuku Hiva, il a fait des petits boulots dans la restauration et l’hôtellerie. Après sa séparation avec sa femme, il plaque tout pour venir à Tahiti. « Comme j'ai déjà mes trois filles à Tahiti, retrace l'artisan, j'étais obligé de venir travailler pour nourrir mes enfants. Je travaille toujours à mon compte. Lorsque tu travailles pour les autres tu ne gagnes rien du tout. Tu es un esclave c'est toujours comme ça. »
Des produits de qualité, teintés de la culture marquisienne
Il n’avait que 25-26 ans à cette époque-là, mais le jeune Marquisien n’a pas froid aux yeux. Il se donne les moyens pour réussir. Côté cœur, il enchaîne les conquêtes et c’est avec elles, qu’il apprend la couture et le Tifaifai. C’est le coup de foudre, il se démarque : « Moi je ne fais pas comme les autres mamas précise-t-il. Je fais mes Tifaifai à ma manière, à la marquisienne. C'est pour ça que j'ai imprimé mes dessins marquisiens dessus. Mes tissus et ma peinture viennent de France. Ici, il y a beaucoup de tissus qui ne me conviennent pas. Ça déteint. En plus, les miens ils ne bougent pas, même au lavage. »
Tu peux gagner de l'argent avec un caillou, un bout de bois et un bout de tissu.
Luc Taata, confectionneur de tifaifai
Tortues, dauphins, tiki... avec des motifs marquisiens… Le rendu est magnifique. Le septuagénaire donne aussi des cours dans son atelier à Taravao. Pour lui, il est important de transmettre ce savoir à la jeunesse.
« Il n'y a pas de sot métier, encourage l'auto entrepreneur. Tout travail peut te permettre de gagner de l'argent. Tu peux gagner de l'argent avec un caillou, un bout de bois et un bout de tissu. Il suffit de le faire. Il faut le vouloir et aussi aimer ce que tu fais. »
Véritable artiste dans l’âme, Luc continue d’innover dans le milieu du tifaifai. Un univers où il laisse libre cours à son imagination… Des pièces uniques qui racontent chacune une histoire.
Son portrait raconté par Corinne Tehetia en français :
Son portrait raconté par Corinne Tehetia en tahitien :